LES COMPLEMENTS AMBIANTS

Introduction

Damourette et Pichon différencient trois types de complémentation, qui traduisent des modes de relation différents avec le verbe et avec les autres constituants de la phrase. Le premier type de compléments — les compléments « circonjacents » — entretient avec le verbe et les autres constituants de la phrase des rapports « nets, précis, intellectuels » (Tome 3e, Chap. IV, p. 195). Ils construisent la structure logique de la phrase et correspondent en fait aux « actants » du verbe tels qu'ils seront définis plus tard par Tesnière (1950), dans son cadre d'analyse structurale triactancielle. Le deuxième type de compléments — les compléments « coalescents » — correspond, pour sa part, à des constituants dont la valeur sémantique se fond en quelque sorte dans celle du verbe. On pourrait en termes d'aujourd'hui dire que les compléments coalescents ont un rôle de déterminant sémantique du verbe, qui soit en restreignent, soit en modalisent la portée interprétative (par ex. faire attention, sentir bon, gagner un bon salaire). Quant au troisième type de compléments — les compléments « ambiants » — on pourrait penser a priori, vu le rapprochement fait ci-dessus avec les actants, qu'il correspond à la classe des « circonstants » de Tesnière, mais cette interprétation est, comme on le verra, trop restrictive. Les compléments ambiants correspondent en fait à des modes de relation syntaxique extrêmement variés, qui n'en présentent pas moins un caractère unifié dans leur rôle énonciatif et discursif, dont j'essaierai de rendre compte le plus clairement possible

1. L'économie du métalangage de Damourette et Pichon

Pour mieux comprendre les analyses et la démarche de Damourette et Pichon, dans un premier temps, j'expliquerai brièvement la valeur des trois éléments qui constituent le vocabulaire métalinguistique qu'ils utilisent tout au long de leur ouvrage. Le principe de ce métalangage, très ésotérique certes mais qui leur permet d'éviter de longues périphrases métalinguistiques , est en fait plus simple qu'on ne le croit habituellement, comme le montrera le tableau suivant.

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