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Le grand bleu, la technique et l'alibi

[article]

Année 1996 61 pp. 41-49
Fait partie d'un numéro thématique : Natures extrêmes
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Georges Vigarello

Le grand bleu, la technique et l'alibi Delage dans l'Atlantique

Lorsqu'il croise les premiers journalistes venus assister à son départ sur les plages de Sâo Vicente, dans les îles du Cap-Vert, en décembre 1994, Guy Delage veut éviter coûte que coûte tout soupçon sur l'apparente « gratuité » de son geste. Il s'applique soigneusement à en souligner l'enjeu scientifique et l'intérêt pratique. Il refuse d'ajouter son nom à celui des « conquérants de l'inutile1», insistant plutôt sur un projet savant, opératoire, une mission longuement pensée et finalisée, énumé- rant collaborateurs scientifiques et tuteurs industriels. Chacun de ses partenaires, nombreux, différents, attendrait de cette traversée jusque- là impensable la découverte de données nouvelles, un ensemble de chiffres inédits sur les états limites du corps, une meilleure connaissance du milieu océanique affronté en i immersion physique, une meilleure maîtrise des appareils et matériaux embarqués. La tentative de Delage devient une « expérience », son unité de vie, un laboratoire ballotté sur les vagues, son corps, un objet indéfiniment sondé. « Traverser l'Atlantique à la nage et en solitaire » : le projet, évoqué en quelques mots banals, ne serait pas un acte de monomaniaque ou d'inconscient, ni même un acte de rêveur téméraire ou immature, mais plutôt un acte de calculateur exigeant et informé, une manière d'apprivoiser la démesure et la folie par une recherche sérieuse et concertée. Aucun doute, les risques ont été mesurés, l'entreprise longuement mûrie, la communication subtilement soignée.

A cet engagement technique et savant, Delage prétend ajouter une autre utilité : il dit vouloir souffrir et témoigner, affronter lucidement la douleur, la transposer même pour la rendre plus opérante et salutaire. Il part en emportant la souffrance des autres avec la certitude, au bout du compte, de mieux pouvoir en parler une fois le parcours achevé. Il se dit le porte-parole de « ceux qui vivent cette souffrance au quotidien2», assure se mettre à leur service et entend s'opposer à leur oubli.

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