NOTE
Les sépultures de Menneville (Aisne) et la céramique danubienne
par Etienne PATTE
Deux sépultures au moins furent rencontrées vers 1930 à l'issue ouest du village de Menneville au cours de l'exploitation d'une gravière; on exploitait sur une épaisseur de 4 m environ des sables alluviaux riches en petits silex et, au sommet, limoneux; le terrain y est à peine au-dessus des hautes eaux de l'Aisne.
Des restes humains et les débris d'un vase que j'ai pu reconstituer me furent gracieusement remis par M. le Dr Pérono, de Neufchâtel.
H. Gardez [7] a donné les renseignements suivants sur une des sépultures de la ballastière de Menneville : orientée e.o., longue de 1,60 m, profonde de 0,60, elle était remplie de terre noirâtre mêlée de gravier très fin; une femme y était couchée sur le côté droit dans une position naturelle; le mobilier comprenait un collier de 66 rondelles découpées dans des Cardium fossiles et percées au centre; à droite de la tête était un vase noir et grisâtre en terre cuite, haut de 18 cm à col évasé, et avec ouverture d'un diamètre de 11 cm; la largeur est de 18 cm;, il porte 3 mamelons, perforés; il y avait 5 silex taillés, 4 poinçons en os, 3 lissoirs en os, un petit polissoir discoïde en grès. Les restes sont attribués à une femme de plus de 25 ans, mésaticéphale, à mâchoire très proéminente1, comme chez les négroïdes, et
1. J'ai remarqué également, un prognathisme alvéolaire.
très étroite. Les longueurs des fémur et tibia sont respectivement de 41 et 34 cm. Ces vestiges sont conservés au Musée de Reims2. Dans la seconde sépulture de Menneville, objet de cette étude, il y avait, avec le vase en terre noire, un collier en « albâtre comme celui du Musée de Reims », mais celui-ci est en nacre, il porte des traces d'ocre rouge; ce collier était dans le crâne3 (fig. 1).
2. Fleury, en 1877, avait signalé à Menneville une sépulture à incinération où avait été trouvé un petit vase contenant un silex et un objet de bronze en forme de clochette, objet perdu ensuite (D.A.G. art. « Menneville ; Gardez 1931, p. 338) ; elle n'a rien à voir avec ce qui nous occupe.
3. Sujet jeune, relief nuchal accusé, fosses canines très marquées. Ouverture nasale à bord inférieur dédoublé, le tranchant postérieur rejoignant l'épine nasale, le tranchant antérieur s'effaçant avant d'atteindre le plan sagittal, comme cela a lieu chez les Nègres mais aussi chez les Européens néolithiques ou protohistoriques. Petite taille (1,64 m), dolichocranie (i = 73,4), signalement concordant avec des Danubiens d'Europe ; ceux-ci, variables ont été comparés à des Méditerranéens, des Nordiques et des Gromagnon (Hawkes 1940). Ulrich a reconnu parmi ceux d'Alsace, des prognathes d'allure négroïde. Par son profil et la largeur de son front, le crâne ne serait pas déplacé parmi les hommes de Rôssen (Schliz 1906, fig. IX ; Kossinna 1936). Parmi les 3 crânes d'Hoenheim, un prognathe montre une ébauche de fosse prénasale comme celui de Menneville qui, par ailleurs, montre la même dolichocranie, la méso- ou chamaerhinie et la même hauteur de voûte que les 70 Bandkerarmiker de Coon (1948) qui sont des Méditerranéens. La taille
Gallia Préhistoire, Tome 17, 1974, 2.
