Circonscription de Haute et Basse Normandie. G. Verron, Directeur1
Calvados
Bretteville-le-Rabet. — La Fordelle. Des ramassages méthodiques effectués en surface sur le gisement de La Fordelle avaient fourni à M. Jean Desloges de nombreuses indications typologiques et cartographiques sur cette station-atelier de faciès campignien. Le désir de compléter ces informations a conduit M. Desloges à entreprendre sur le site une fouille programmée en 1980. Celle-ci lui a fait découvrir une importante mine à silex, ce qui dépassait largement les espoirs placés dans cette recherche à l'origine. En Basse-Normandie on avait déjà signalé des puits d'extraction de silex à Soumont-Saint-Quentin et à Soignolles (Calvados) ; ils étaient constitués de fosses peu profondes et difficiles à interpréter2. Mais jamais encore on n'avait mis au jour une minière aussi vaste et complexe.
La cavité, profonde de 2,60 m, comporte une chambre principale en forme de cloche au sommet de laquelle se trouve l'orifice d'accès. Deux galeries en partent vers le n. et l'e. ; profondes de 3 m environ, elles présentent une hauteur de 1,60 m. Un nouveau boyau, de 0,80 m de hauteur, part du flanc occidental de la galerie n. ; on ignore encpre
1. Informations rédigées par le Directeur de la Circonscription à partir des documents qui lui ont été fournis par les chercheurs.
2. Cf. B. Edeine, Puits néolithique d'extraction de silex dans le Calvados, B.S.P.F., LVIII, 1961, p. 467- 470, 1 fig. ; Pic néolithique en bois de cerf découvert à Potigny (Calvados), B.S.P.F., LIX, 1962, p. 377-378.
quelle peut être sa profondeur, mais elle est certainement importante (fig. 1, 3).
Deux bancs de silex paraissent avoir été exploités. L'un se situe à environ 1,50 m de profondeur sous la surface du champ. L'autre est sensiblement au niveau du fond du puits, vers 2,50 m de profondeur. Ce dernier paraît avoir été plus particulièrement recherché. La hauteur importante des galeries (1,60 m) et surtout un étranglement observé dans les profils à mi-hauteur, laissent supposer que les deux filons ont été exploités successivement (M. M. Rioult, chargé de recherche au G.N.R.S., du Laboratoire de géologie de la faculté des sciences de Caen, effectue actuellement une étude pétrographique des divers silex rencontrés).
Le remplissage de la cavité, étudié très soigneusement par M. Desloges, laisse supposer un rebouchage fort rapide du puits. A l'exception de la galerie e., partiellement vide, l'intérieur de la minière était rempli de plaquettes calcaires dont la disposition était assez uniforme (fig. 1). M. Desloges a cependant remarqué un arrangement assez méthodique dans certains secteurs (aire « dallée » repérée vers 2 m de profondeur ; fermeture du seuil de la galerie n.). Une zone vide, oblique, dessinant un cylindre de 0,10 m de diamètre et 0,60 m de longueur, doit correspondre à la trace d'une pièce de bois abandonnée au cours du remblayage. On peut supposer que le puits a été rebouché au fur et à mesure de l'extraction. Il est probable que la minière n'a jamais été entièrement vidée, chaque galerie abandonnée étant sans doute remblayée immédiate-
Gallia Préhistoire, Tome 24, 1981, 2.
