Francisco J. Salguero Lamillar Linguistique générale Université de Seville salguero@us.es
GRAMMAIRE DE MONTAGUE, CATEGORIES ET TYPES :
UNE PRÉSENTATION DES THÉORIES ACTUELLES
EN SÉMANTIQUE ET EN INTERPRÉTATION
DU DISCOURS
1. Petit rappel d'histoire récente sur les catégories
1.1. Le programme sémiotique de Richard Montague
Lors des discussions linguistiques qui eurent lieu dans les années 1960-1970, une des questions fondamentales porta sur la façon de constituer la composante sémantique de la grammaire. Dans ce contexte, il n'est guère étonnant que certains linguistes se soient tournés vers les grammaires logiques ou catégorielles qui contenaient déjà une composante de sémantique formelle bien définie. Cependant, malgré l'importance du rôle joué par ces grammaires logiques dans les discussions sémantiques de 1955 à 1965, on constate qu'elles n'influencèrent pas de façon décisive les développements sémantiques ultérieurs, comme en témoignent les choix qui furent faits dans le cadre génératif. C'est en ce sens qu'il faut interpréter le passage suivant de Gerald Gazdar et Geoffrey Pullum :
Les grammaires catégorielles [...] ont toujours eu un statut quelque peu marginal en linguistique. Il y a toujours eu quelqu'un prêt à les défendre, mais jamais suffisamment de personnes pour les utiliser afin qu'elles puissent se constituer en paradigme. Leur unité est due en grande partie à Montague, qui a fondé son travail sémantique sur une grammaire catégorielle modifiée. (1985/1987 : 388)
Cette citation est intéressante en ce qu'elle permet de préciser la relation entretenue par la grammaire de Montague (GM) et les grammaires catégorielles (GC). Tout d'abord, il y est dit que les grammaires catégorielles sont considérées comme des formalismes grammaticaux « marginaux » qui n'ont pu accéder au rang de paradigme grammatical, certainement en raison de la rareté et du peu de portée de leur intérêt proprement linguistique. De plus, ce passage fait ressortir le rôle joué par Montague dans le regain d'intérêt des GC auprès des linguistes, mais on notera que la GM est ici réduite à une simple théorie sémantique.
Certes, il n'est pas contestable d'affirmer que Richard Montague fut le premier à proposer un programme cohérent et structuré susceptible d'être appliqué à une
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