Couverture fascicule

Renaut (Alain). — La libération des enfants. Contribution philosophique à une histoire de l'enfance

[compte-rendu]

Année 2002 141 pp. 180-182
Fait partie d'un numéro thématique : Vers une didactique comparée
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RENAUT (Alain). — La libération des enfants. Contribution philosophique à une histoire de l'enfance.

Paris : Calmann-Lévy ; Bayard, 2002. — 397 p.

Comment comprendre les paradoxes, voire les contradictions de l'éducation aujourd'hui autrement que par le regret des situations passées ou par l'affirmation brutale et sans nuances de solutions-miracles qui seraient susceptibles de résoudre ce qui est souvent exprimé en termes de « crise » ? C'est une banalité de dire que ces attitudes procèdent souvent d'un fort contraste entre les principes affirmés et les pratiques effectives. Plus profondément, ne s'agit-il pas des tensions internes à nos propres représentations de l'enfance ? L'affirmation contemporaine des droits de l'enfant traduirait notre difficulté fondamentale à saisir dans le même mouvement la similitude de l'enfant comme être humain et sa différence par rapport à l'adulte. Notre rapport à Paltérité dans les sociétés contemporaines serait ainsi le point central d'interrogation.

C'est à cette réflexion de grande envergure que nous invite Alain Renaut dans un essai dont le sous-titre indique bien la démarche : comprendre le rapport contemporain à l'enfance en ré-examinant le dossier de l'histoire de l'enfance, non pas en cherchant à produire de nouvelles données mais plutôt en reprenant de manière critique les interprétations classiques et en proposant une nouvelle lecture de certains philosophes et pédagogues importants. C'est-à-dire en accomplissant moins un travail d'historien qu'un travail de philosophe. En se réclamant ainsi d'une histoire philosophique de l'enfance, marquée par les courants de la philosophie politique, il utilise essentiellement des sources « normatives », justifiant ce choix par l'importance qu'il accorde aux textes qui manifestent, à telle ou telle époque, les choix de valeurs inscrites dans les relations aux enfants.

L'orientation méthodologique générale de l'ouvrage ainsi tracée, l'auteur distingue trois grandes périodes dans les représentations de l'enfance : l'enfant des Anciens, l'enfant des Modernes, enfin l'enfant contemporain. Mais il retient comme illusoire une démarcation rigide entre les périodes. Il est au contraire sensible aux chevauchements, aux entrecroisements temporels, à la lenteur des évolutions. Ce qui revient à revendiquer une histoire complexe, nuancée, loin des schématismes. Il rend hommage aux travaux pionniers sur l'enfance (Ariès), la folie (Foucault), l'éducation corporelle (Vigarello), mais en leur reprochant d'avoir idéalisé les situations passées, car ils ont accordé aux situations modernes des caractères souvent négatifs, en termes de nouveaux assujettissements de l'enfance (ou du fou), d'autant plus efficaces qu'ils paraissent plus « humanisés », en fait plus insidieux. Il est vrai que de nombreux travaux d'historiens ont déjà nuancé les analyses d'Ariès, en montrant que la perception de l'enfance

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