PROTOCOLES ET PRÉAMBULES DANS LES DOCUMENTS CATALANS DU Xe AU XIIe S.

ÉVOLUTION DIPLOMATIQUE ET SIGNIFICATION SPIRITUELLE

> Par Michel ZIMMERMANN

Membre de la Section Scientifique

IL LES PRÉAMBULES

Quelle que soit la variété des éléments du protocole, leur originalité restait cantonnée dans des limites étroites, imposées par les impératifs de la composition diplomatique, et devenues de plus en plus contraignantes à mesure que la forme des actes notariés évoluait vers la sobriété et la conformité. En revanche, les préambules — élément superflu de l'appareil diplomatique — fournissaient aux rédacteurs (ou aux auteurs) d'actes l'occasion de s'exprimer librement, soit qu'ils aient cru nécessaire de justifier ou d'expliquer le contenu d'un acte, soit qu'ils aient tenu à faire montre de leur culture ou de leur habileté littéraire. C'est un fait que les documents que nous avons étudiés comportent fréquemment des préambules; même si leur variété se réduit et si leur qualité décline, ils restent encore nombreux à la fin du XIIe s.

Nombreux, ces préambules sont également riches et longs; il leur arrive d'occuper la majeure partie du document *; ils ne sont cependant jamais conçus comme un élément inutile ou surajouté; au contraire, les scribes tiennent à insister sur le rapport de causalité qui les unit aux clauses du dispositif, en faisant découler celles-ci de ceux-là au moyen de coordinations telles que «Quapropter», «idcirco», «ob hoc igitur». Mieux, il arrive souvent qu'ils n'occupent pas la place qui devrait être la leur, mais qu'ils soient placés après la notification et la suscription, parfois même — c'est le cas pour certains préambules de dot — après le dispositif lui-même...