NOTES SUR LA PREMIÈRE ÉDITION EN LANGUE ESPAGNOLE DU «CONTRAT SOCIAL» (1799)

Par Lucienne DOMERGUE Membre de la Section Scientifique

El «Contrato Social» et D. Gaspar Melehor de Jovellanos.

On connaît l'épisode de la première traduction espagnole du Contrat Social et le rôle qu'il joua dans le destin de Jovellanos. Aucun des biographes de l'infortuné Asturien n'a manqué d'y faire allusion. On peut même dire qu'avant les travaux de J. R. Spell sur l'influence de Rousseau dans le monde hispanique 1, la critique ne s'était souciée de cette traduction qu'en tant qu'élément de la biographie de Jovino. Ici encore la source commune fut d'abord Ceân Bermûdez. Dans ses Memorias 2, l'ami du poète rappelait qu'une sourde hostilité avait accueilli la politique du ministre des Grâces et de la Justice; après son renvoi, c'est bien pis: l'orage se fait menaçant et Llorente peut parler, avec toute apparence de vérité, d'un procès inquisitorial entamé contre l'écrivain dans les mois qui suivirent sa disgrâce 8. C'est dans ce climat lourd qu'un événement survient: l'ancien ministre est impliqué, ou tout au moins cité, dans l'affaire de l'adaptation en langue castillane du Contrat Social. Et ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Voici comment les faits nous sont contés:

«Habian esparcido por Asturias en principios de 1801 algunos exemplares de una traducciôn en castellano del Contrato Social, impresa en Londres el ano de 1799, y como hubiesen dicho al mismo D. Gaspar que el traductor le elogiaba en una nota se incomodô extraordinariamente e hizo las mâs activas diligencias