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Título
Produire et voir du cinéma en régime autoritaire : censure et spectateurs en Espagne franquiste (1946-1960)
Autor(es)
Director(es)
Materia
Tesis y disertaciones académicas
Universidad de Salamanca (España)
Université de Caen (Francia)
Tesis Doctoral
Academic dissertations
Cine
Censura
Franquismo
Clasificación UNESCO
6203.01 Cinematografía
5504.02 Historia Contemporánea
Fecha de publicación
2020
Resumen
[FR]Le phénomène de censure sous le premier franquisme a toujours été interrogé
indépendamment de la réception des produits culturels qu’il a contribué à façonner. Les
études portant sur la censure cinématographique s’inscrivent pour la plupart dans la longue
tradition des approches intentionnalistes, qui se focalisent plus sur les intentions des
producteurs et des normes qu’ils souhaitent imposer aux publics, qu’à questionner leurs effets
concrets sur les spectateurs. Pourtant, les archives de la censure cinématographique
témoignent de l’intérêt précoce que le régime a prêté à la réception du cinéma national. Au
sein même des scénarios raturés et des procès-verbaux rédigés par les censeurs, on trouve des
rapports détaillant l’accueil des films espagnols sur une quarantaine de provinces durant
quatorze ans (1946-1960). Des agents franquistes postés dans les capitales provinciales sont
mandatés pour assister aux projections de films nationaux et rapporter à la Direction Générale
de la Cinématographie et du Théâtre (DGCT) la parole spectatorielle qu’ils sont parvenus à
capter lors des séances et à la sortie des salles. Cette surveillance des publics est mise en place
en 1946, après que les principaux producteurs espagnols du moment ont alerté Franco en
personne de la crise que subit le secteur cinématographique et de leur difficulté à satisfaire les
attentes des publics nationaux. Pensés comme des outils d’évaluation, ces rapports constituent
les derniers maillons d’une vaste chaîne documentaire produite à propos de chaque film
espagnol et ont vocation à guider la politique cinématographique du régime. La présence de
ces sources au sein des dossiers censoriaux illustre ainsi les liens qui unissent deux sphères
généralement étudiées de façon séparée par l’historiographie : celles de la censure et de la
réception cinématographique. Sous le premier franquisme, ces deux phénomènes sont
pourtant en constante interaction. En effet, évaluer les effets qu'un film peut/supposer
produire, anticiper les réactions des publics ou bien imaginer les lectures plurielles d’une
même oeuvre est au coeur de la mission des censeurs. Dans cette perspective, l’étude du
processus censorial ne peut faire l’économie d’une immersion dans le monde spectatoriel,
vers cet acteur qui focalise l’attention des censeurs : le public.
URI
DOI
10.14201/gredos.145204
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