LA QUESTION LINGUISTIQUE
DANS LA COMMUNAUTÉ VALENCIENNE
EN 1991
Bernard BESSIÈRE Membre de la section scientifique
Si les efforts que font les gouvernements autonomes de la Catalogne, de la Galice et du Pays basque pour défendre l'usage et l'enseignement de leur langue respective sont généralement bien connus de l'ensemble des citoyens de l'État espagnol, on oublie parfois que trois autres Communautés espagnoles mènent elles aussi une politique vigoureuse en ce sens: la Navarre, les Baléares et le Pays valencien '.
C'est la politique linguistique de cette dernière Communauté qui sera abordée ici.
Cette région, qui fut jadis le Royaume de Valence fondé au XIIIe siècle par Jacques Ier et qui portait aussi fréquemment l'appellation administrative de Levant jusqu'au début des années quatre-vingt, accède à l'autonomie en juillet 1982 par le biais de l'article 143 de la Constitution, une fois résolus, non sans difficultés, les problèmes posés par la définition des «symboles» — dénomination exacte de la Communauté, couleur du drapeau et statut de la langue. C'est l'article 5 du Statut qui établit que la traditionnelle seneyra aura quatre bandes rouges sur fond jaune couronnées sur une frange bleue, du côté de la hampe.
Mais il est clair que le choix du drapeau était lui-même lourd d'enjeux et de significations nationalistes, dans la mesure où pour les Valenciens la senyera, selon la définition que propose V Encyclopédie valencienne est «por
1. Le Statut d'autonomie fixe la dénomination officielle de «Communauté valencienne». Néanmoins, dans son Préambule les deux autres dénominations traditionnelles — «Ancien Royaume de Valence», et «Pays valencien» — sont également reconnues par le législateur.
Mélanges de la Casa de Velazquez (MCV), 1991, t. XXVII (3), p. 115-135.