UN PONT SUR LE GENIL:

A PROPOS DE LA CONSTRUCTION DANS LE ROYAUME DE GRENADE A LA FIN DU MOYEN AGE.

Par Antonio MALPICA CUELLO Université de Grenade

S'il fallait, de toutes les réalités matérielles qui sont données à l'historien d'étudier, en souligner une, celle-ci serait sans doute — et nous ne révélerions rien de nouveau — l'insertion de l'homme dans l'espace physique. En effet, la relation homme/ espace revêt une dimension de première importance, non seulement parce que la Nature est la première instance à laquelle nous devons faire référence quant à l'activité humaine, mais parce que l'action de l'homme sur le milieu naturel, par sa dimension diachronique, est une réalité historique donnée. Le territoire s'organise, ainsi, tant en accord avec la Nature qu'en relation avec les forces sociales au sein desquelles l'homme agit.

Il n'est pas dans notre intention d'ouvrir un tel débat ici, mais nous voulons tout de même signaler jusqu'à quel point ces contraintes matérielles sont importantes pour ce qui concerne le royaume de Grenade. Leur analyse durant l'étape nasride part d'une difficulté parfois délicate à surmonter : la rareté des sources directes. Cela est dû en grande partie au processus de conquête et d'occupation castillanes du territoire, qui détermina "l'acculturation" des musulmans et, plus tard, leur expulsion définitive du royaume. Nous connaissons mieux le processus d'installation castillane, et grâce à cela, nous pouvons percevoir quelques aspects fondamentaux du monde nasride. On doit partir, donc, d'une structure postérieure à celle que l'on

Mélanges de la Casa de Velazquez, (M.C. V.), 1986, t.XXII, p.65-83.