SAGONTE, ILITURGI, ASTAPA TROIS DESTINS TRAGIQUES VUS DE ROME
Agnès PELLETIER Membre de la Section Scientifique
218 av. J.-C. : les habitants de Sagonte, suivant en cela l'exemple des primores de la ville, se suicident et brûlent leurs richesses : après un siège de huit mois, ils refusent de se rendre à Hannibal. 206 av. J.-C. : pour avoir trahi leur "alliance" avec les Romains en en livrant quelques-uns aux Carthaginois après le désastre et la mort des deux Scipions, les Iliturgitani sont assiégés, massacrés et leur capitale rasée par le futur Africain; peu de temps après enfin, la population à' Astapa, dont le tort était d'avoir toujours soutenu Carthage, choisit de mourir, au combat ou par le suicide, plutôt que de se soumettre aux Romains1.
Trois villes, trois récits, trois moments d'une même intrigue, celle de la deuxième guerre punique, dans un même espace, celui de YHispania; trois événements linéaires d'une figure complexe, racontés dans leur version la plus complète par Tite-Live et que leur similitude rapproche ici: la résistance, paradoxalement héroïque2, et la mort sont au centre de ces trois
Le seul auteur de l'Antiquité à parler longuement de ces trois événements est Tite-Live (21, 6-15: Sagonte; 28, 19-20: Iliturgi; 28, 22-23: Astapa); Appien, 6, 12, 32 et 33 les mentionne également. Pour le reste, Sagonte reste privilégiée dans les sources antiques: Polybe, 3, 15 et 17, ne parle cependant pas du suicide de la population, au contraire de Valère-Maxime, 6, 6, 1, Silius Italicus, 2, 609-649, Florus, 1, 22, 4 et 6 et Dion Cassius, 8, 21. Ce dernier décrit également le siège et la chute d' Iliturgi en 9, 10.
2. Le récit de la chute d' Iliturgi et Astapa ressemble en effet à une épopée dont les héros sont les habitants eux-mêmes. Etrange, puisqu'en même temps, Tite-Live réprouve leur comportement.
Mélanges de la Casa de Velazquez, (M.C. V.), 1987, t.XXIII, p. 107-124.
