CANON OU CATALOGUE ?
PERSPECTIVES HISTORICO-LITTÉRAIRES DANS LA BIB LI ON O MI A DE RICHARD DE FOURNIVAL
1. — Introduction 1
Richard de Fournival a eu de la chance 2 : en tant que médecin person¬ nel du roi français Philippe II Auguste, son père Roger a acquis une prospérité considérable et aucune limite matérielle n'a par la suite restreint l'éducation étendue du jeune Richard ni la constitution de son exception¬ nelle bibliothèque privée. Né en 1201, ce picard fait apparemment de vastes études à Paris, capitale européenne du savoir, puis travaille comme médecin et chirurgien. En outre, au début des années 1240, il occupe la fonction de chancelier de l'église d'Amiens, où son demi-frère exerce l'épiscopat ; ses prébendes, comme chanoine d'Amiens et de Rouen, ajoutent encore à son aisance matérielle. Pour la diversité de ses centres d'intérêt, comprenant la poésie, l'astrologie, la philosophie, la médecine et — de manière moins prononcée — la théologie et les deux droits, il peut tout à fait être comparé au chanoine Simon de Couvin (ca 1320-1367), originaire des alentours de Liège qui, au milieu du xive siècle, fera lui aussi ses études à Paris 3. Mais tandis que celui-ci apparaît exclusivement
1 . Je voudrais remercier mon collègue R. Trachsler, de l'Université de Göttingen, pour la traduction française de cet article.
2. Sur Richard de Fournival, voir l'article introductif de C. Lucken, «R.fichard] v. Fournival », dans Lexikon des Mittelalters, t. 7. Munich et al., 1995, c. 822 s.; F. Fery-Hue, «Richard de Fournival », dans Dictionnaire des Lettres Françaises. Le Moyen Âge, nouv. éd. G. Hasenohr et M. Zink, Paris, 1992, p. 1266-1268.
3. Sur Simon de Couvin, voir T. Haye, «Simon de Couvin {ca 1320-1367), Alanus ab Insulis und die Zeichen der Sterne im Zeitalter der Pest », dans Latomus, t. 66 (2007), p. 150-184.
Romania, t. 128, 2010, p. 213 à 233.