COMPTES RENDUS
Mariano Comense. Rome, Nuova Argos, 2000, 294 pp., 99 ill.
Fruit d'une thèse de doctorat soutenue à l'Université de Lausanne en 1998, le livre d'Elena Alfani traite de l'iconographie du programme peint de la chapelle lombarde de San Martino a Carugo, réalisé au xne s. L'approche méthodologique de l'A. — il faut le souligner d'emblée — est exemplaire à plusieurs égards. Faisant siens les apports méthodologiques d'autres chercheurs, Elena Alfani aborde les peintures de la petite chapelle d'Italie du Nord sous l'angle de l'interdisciplinarité, la faisant tour à tour se confronter au contexte historique, à l'examen de l'iconographie des peintures ou bien encore à l'hagiographie et au culte des saints durant le xne s.
Les deux premiers chapitres sont consacrés à la présentation relativement détaillée du monument et du contexte historique qui a vu la réalisation des peintures. De petites dimensions, l'édifice présente une architecture d'une grande simplicité et un état de conservation général relativement moyen. La chapelle San Martino doit être considérée comme un lieu de culte intégré au site fortifié de Gattedo, un castrum ayant appartenu à la famille noble Da Giussano. Dans la seconde moitié du xne s., la bataille de Legnano en 1176 a fait culminer l'alliance de communes contre les troupes de Frédéric Barberousse. À ce moment, la construction de châteaux et de centres fortifiés apparaissait comme une impérieuse nécessité. Or la famille milanaise Da Giussano possédait le castrum de Gattedo et Alberto Da Giussano avait été l'un des héros de la bataille de 1176, tant et si bien que ce personnage devint le symbole de la lutte contre le pouvoir impérial. De façon fort judicieuse, Elena Alfani ouvre son livre par la présentation précise et érudite de ce contexte historique qui — on
l'aura compris — a vu l'exécution des peintures de la chapelle San Martino.
Le chapitre III est entièrement consacré à l'étude de l'iconographie des fresques lombardes. Le cycle peint de San Martino se répartit entre une représentation du Jugement dernier, des scènes de la Genèse (histoire d'Adam et Eve) et surtout un vaste ensemble consacré aux thèmes hagiographiques où l'accent est mis tout particulièrement sur les représentations de scènes de martyres. Tout d'abord, l'analyse iconographique sans faille à laquelle se livre l'A. lui permet de resituer les images du Jugement dernier et celles extraites des premiers chapitres de la Genèse dans l'ensemble de la tradition iconographique propre à ces thèmes. Elena Alfani relève à leur sujet une insistance toute particulière sur les scènes de souffrance et de peines infligées aux damnés lors du Jugement. Dans l'analyse tout aussi rigoureuse méthodologiquement qu'elle propose des scènes hagiographiques, l'A. suggère d'identifier la représentation des cinq martyrs de Sébaste dont l'iconographie était à cette époque fort répandue dans tout l'Orient chrétien et qui offrait plus que d'autres une grande variété typologique de supplices infligés aux saints. Sur la paroi sud de la chapelle, les peintres ont représenté un cycle hagiographique autour de la figure de saint Martin auquel est dédié l'édifice. Il n'est pas surprenant de voir cette chapelle intégrée à un site fortifié être dédiée à saint Martin, considéré comme le patron des soldats. Le programme martinien de la chapelle lombarde insiste tout particulièrement sur le martyre du saint mais aussi sur des scènes plus en rapport avec son culte : messe de saint Ambroise, participation de saint Ambroise et de saint Hilaire à ses funérailles. L'ensemble de ce programme est complété sur la partie ouest par des représentations des mois de l'année, du zodiaque et des animaux du bestiaire.
Le chapitre V traitant de l'analyse stylistique du cycle peint en vue de sa datation est, là encore,
