Couverture fascicule

Sansot (Pierre). — Cahiers d'enfrance

[compte-rendu]

Année 1991 96 pp. 126-127
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SANSOT (Pierre). — Cahiers d'enfrance. — Champ Vallon, 1989. — 215 p. — (coll. Récits).

Malgré un titre trop facilement évocateur du film nostalgique d'André Téchiné, Souvenirs d'en France, ce livre constitue une entreprise originale. Délaissant ses habituels travaux, entre autres sur l'espace urbain, l'auteur investit ici un espace infiniment plus intime, celui de son enfance. Partant du constat qu'« à défaut de savoir où nous allons, nous aimerions savoir d'où nous venons », Pierre Sansot affirme avec force que l'« on peut instituer une coupure dans la destinée d'un homme ». A la vision — faussement attribuée à Freud

— d'un enfant père de l'homme, il en oppose une qui restitue à l'adulte son autonomie sans nier pour autant l'existence de liens dont seule l'explicitation permet d'éviter ces mécanicismes psychologisants si fréquents dans les écrits de certains pédagogues. L'auteur montre qu'une enfance privilégiée (« celle d'une culture qui a peut-être disparu »), même si elle se vit dans le sentiment d'un « éternel recommencement, dans une sublime insouciance des matins », marque notre quotidien actuel. Ainsi par exemple impute-t-il son amour des paquets de copies à corriger aux souvenirs des gestes maternels (« je redisais la messe de ma mère »).

— Quel paradoxe n'y a-t-il pas, en même temps, à prétendre que l'enfance véhicule « non point (...) le début de cette vie qui se perpétue en nous mais une vie tout autre »? Le style, ici, est au service d'une ambivalence revendiquée. Si la littérature, parfois, « vous incite à éprouver des sentiments nobles, délicats, horribles dont vous n'avez même pas idée », ou si, parfois, « elle vous détourne de votre propre recherche instinctive, parce qu'elle est déjà inscrite dans un ouvrage », elle reste une voie royale pour explorer le présent, à condition de pouvoir se réclamer d'une autre quête que la simple production textuelle.

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