Couverture fascicule

Michel Pastoureau. — Traité d'héraldique. 2e éd. rev. et corr., Paris, Picard, 1993.

[compte-rendu]

Fait partie d'un numéro thématique : Comptes Rendus
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, Paris, Picard, 1993, 407 pp., 342 ill. (« Bibl Sauvegarde de l'art français »).

Dans les nouvelles pages de cette seconde édition, l'A. dépeint la faveur dont jouit actuellement l'héraldique dans les milieux universitaires et académiques. Il est indéniable que depuis ces quinze dernières années a été parcouru un long chemin, essentiellement perceptible dans l'élimination des obstacles qui gênaient le développement normal de cette discipline. Mais, à notre avis, surtout dans certains pays, la fin du chemin est encore loin.

L'héraldique (ou plus précisément l'étude des armoiries, le mot héraldique ayant englobé parfois d'autres disciplines) a longtemps été négligée : les armoiries étaient mal connues et les héraldistes oubliaient trop souvent les rapports avec les domaines contigus, concernant l'homme et son histoire. Ces deux mondes s'ignorant, on a dû d'un côté subir le préjudice de conceptions erronées, et de l'autre continuer à travailler à l'intérieur d'une tour d'ivoire. Ce cercle vicieux devrait être progressivement brisé par la publication de livres spécialisés.

Après les ouvrages normatifs, si nombreux aux xvne et xvnie s., les chercheurs se sont mis à répertorier les armoiries pour les identifier, c'est-à-dire établir la correspondance avec leur titulaire. D'une grande utilité pour l'archéologie et l'histoire de l'art, ces données ont été complétées par celles de la généalogie, ou de la prosopographie. C'est l'époque où l'héraldique a été classée dans les sciences auxiliaires de l'histoire et, au même titre que la sigillographie et la paléographie, placée en situation de dépendance. Depuis le xvne s., la sigillographie ne servait qu'à prouver l'authenticité des chartes et était assimilée à la généalogie en une association, vivace encore de nos jours. La plupart des ouvrages ne donnaient que la description et les noms du répertoire formel du blason ou bien les tables de corrélation entre armoiries et titulaires. Quelques travaux, parus dans des périodiques ou Actes de congrès, présentaient une vue plus large des choses mais ils ne dépassaient guère le cercle étroit des héraldistes. Ce sont les recherches sur les origines des armoiries qui ont fourni la première

occasion de dépasser — quoique timidement — ces limites, le problème exigeant d'expliquer une intervention humaine.

C'est dans ce contexte que Michel Pastoureau rédigea (1973/77) et publia (1979) la première édition de son ouvrage. Très nouveau alors, il donnait une vue d'ensemble sur l'évolution historique de la science héraldique, qui s'est formée progressivement, contrairement à ce que l'on pourrait croire à la lecture de certains livres. Pour la première fois aussi est évoquée l'héraldique comparée, signifiant que les armoiries ont varié en forme et en usage selon les temps et les pays. Il s'agit là beaucoup plus que d'une méthode ou d'un point de vue : c'est l'ouverture sur les rapports entre l'héraldique et les autres sciences sociales ; c'est le rapprochement entre les armoiries et leur titulaire, leur créateur, leur utilisateur, qui a laissé là son empreinte. Très vite, le livre de M. Pastoureau a conquis les milieux traditionnellement réfractaires aux armoiries : le premier pas était franchi pour faire connaître la valeur des témoignages héraldiques.

Dans cette seconde édition, l'A. aurait voulu sans doute refaire entièrement le texte pour le présenter d'une façon nouvelle ; mais il a été jugé préférable d'ajouter une partie : Quinze ans de recherches héraldiques, et de réviser et mettre à jour une bibliographie sélective qui comprend maintenant presque cinq cents titres. La partie nouvelle expose en une douzaine de pages les dernières hypothèses sur les origines des armoiries, qui nous conduisent à un carrefour de disciplines et constituent — nous l'avons vu — l'ouverture la plus évidente de cette science vers l'extérieur.

Tout comme la sigillographie et la paléographie, l'héraldique veut devenir une discipline historique à part entière ou, si l'on préfère, une technique historiographique, capable de nous éclairer sur la conduite humaine à partir de documents non écrits, mais d'une nature spéciale. Et c'est là toute l'importance que revêt le témoignage des armoiries.

L'ouvrage de M. Pastoureau est et restera l'outil le plus efficace pour diffuser, parmi les spécialistes, les connaissances exactes sur l'héraldique. Outre le contenu habituel d'un manuel consacré au blason, le lecteur trouvera dans ses pages l'histoire de la formation et du développement du système héraldique ainsi que des orientations méthodologiques précises pour dater et identifier les armoiries.

L'acquisition de ces connaissances est la première démarche avant d'entreprendre des études plus

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