Couverture fascicule

Introduction. Internet vu du journalisme

[liminaire]

Année 2001 129 p. 36
Fait partie d'un numéro thématique : Dossier : Internet vu du journalisme
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INTRODUCTION

INTERNET VU DU JOURNALISME

Curieux titre ! Ne serait-ce pas : le journalisme vu d'internet? C'est évidemment un lieu commun des discours à la mode de présenter internet comme un nouveau média, voire une nouvelle société (cf. le dossier du n° 128, « les « TIC » objets de valeur »). Et, inévitablement, de conjecturer les conséquences de son arrivée pour la pérennité des formes et métiers de l'écrit. Ainsi les différents acteurs de la culture de l'imprimé sont-ils sans cesse interpellés au nom de la nécessité d'avoir à se situer par rapport à une mutation radicale, voire une substitution. Il n'y a pas d'erreur dans le titre. Internet vu du journalisme : les articles qui suivent prennent acte de la force de cet impératif, mais ils renversent le regard. Au lieu d'analyser la presse (ou l'édition, l'enseignement, etc.) du point de vue de l'inter- net, avec son cortège de révolutions annoncées, ils situent l'arrivée d'internet au sein du travail produit par les journalistes : un travail qui consiste à donner une forme écrite à l'actualité, dans un contexte où l'impératif démocratique de contribution à l'espace public est menacé par l'impératif économique de rentabilité des entreprises de presse. Ces trois composantes du métier de journaliste, dans sa durée, sont omniprésentes dans le dossier : une écriture, une responsabilité, un marché. C'est à partir d'elles qu'internet est appréhendé. De ce point de vue, la continuité est nécessairement première, ce qui ne signifie pas qu'elle domine. Le principe de ce dossier est simplement de regarder les objets médiatiques à partir des pratiques qui les investissent. Ce point de vue comporte des risques, mais il évite au moins une faute de méthode constante aujourd'hui, celle qui consiste à opposer (ou assimiler, ce qui revient au même) un univers d'objets, les supports, à un univers de pratiques, les métiers. Les analyses ici présentées ne concluent évidemment pas que rien ne change. Mais elles partent à la recherche de ce qui compte, concrètement, en regardant de près les choses et en mesurant des rencontres, des tensions, des ambiguïtés, entre travail d'écriture, construction du réel et obsession de la concurrence. Elles le font de trois points de vue successifs, qui vont de l'histoire de la profession à l'histoire de l'objet, mais sans s'aligner, car chacun pose au rapport entre le papier et l'écran une question de nature différente. Olivier da Lage met à profit la connaissance qu'il a acquise, de l'intérieur, de la façon dont l'impératif internet a fait incursion dans le travail des journalistes, ce qui lui permet de dissiper quelques évidences et de mesurer la réelle complexité des enjeux ; Valérie Jeanne-Perrier soumet à critique le motif idéologique de la « complémentarité » entre journal papier et site internet, montrant combien ce thème est incapable de décrire la complexité des emprunts et cheminements entre supports et mettant en évidence le rôle qu'il joue dans l'évitement des conflits et tensions actuels ; Dominique Cotte aborde la relation entre la Une et l'écran à partir d'une réflexion sur la façon dont les hommes de presse font émerger des propriétés du support le relief d'une construction informationnelle, rappelant que l'informatisation du travail journalistique est ancienne et analysant la radicalisation actuelle d'une invisibilité du texte. La technique est donc bien omniprésente dans ce dossier, porteuse de changements importants, qui se définissent dans l'histoire d'un travail et dans la perspective de son statut social.