Couverture fascicule

André Miquel. — La géographie humaine du monde musulman jusqu'au milieu du XIe s. IV : Les travaux et les jours, 1988 (" Civil. et soc. ", 78)

[compte-rendu]

doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 392

, 387 pp. («Civil, et soc», 78).

Le volume que publie maintenant A. Miquel est le quatrième et dernier de la série traitant de La géographie humaine du monde musulman. Rappelons que le premier, paru en 1967, était essentiellement une étude des auteurs, tandis que le deuxième, paru en 1975, était consacré à la description des régions extérieures au monde de l'Islam, Extrême-Orient, Afrique noire, Asie centrale, Europe orientale, Byzance, et que le troisième, paru en 1980, évoquait le cadre terrestre, la faune et la flore. Le volume qui paraît aujourd'hui et qui traite de la description du monde musulman sous divers aspects, est, on peut le dire, celui qu'on attendait non sans impatience depuis qu'A. Miquel a commencé à travailler sur les géographes arabes et le lecteur ne sera pas déçu, car ce volume est à la fois écrit dans un style élégant et bourré de données documentaires très précieuses.

La tâche n'était pas facile, car il fallait classer méthodiquement les informations recueillies et, en même temps, faire ressortir les orientations et les goûts personnels des divers auteurs, et surtout des deux plus importants, ceux qui brossèrent, à peu près à la même époque, un tableau précis et vivant du monde musulman, Muqaddari et Ibn Hawqal. Il fallait aussi rappeler comment les auteurs plus anciens avaient vu les choses. On peut dire que, dans l'ensemble, A. Miquel a résolu avec élégance le problème. Le classement adopté est logique :

attitudes face au pouvoir, écoles et rites, peuplement, situation des non-musulmans, pour commencer. Puis apparaissent : l'organisation territoriale, les routes, les objets des échanges, les villes, enfin la vie sociale. Selon les thèmes abordés, une place plus grande est faite aux auteurs d'adab, les premiers géographes, ou, au contraire, aux spécialistes de «géographie humaine».

A. Miquel se borne en fait à une présentation générale que fait ressortir ce que les «nouveaux géographes » ont apporté de plus que leurs prédécesseurs. Mais il se garde volontairement d'approfondir certaines questions pour ne pas alourdir son récit, laissant aux spécialistes le soin d'aller plus avant. C'est le cas, notamment pour le problème des doctrines et des sectes sur lesquelles un auteur tel que Muqaddasi fournit des informations détaillées auxquelles viennent s'ajouter des observations personnelles parfois piquantes et que vient compléter, éventuellement, Ibn Hawqal. C'est le cas aussi pour le domaine des ressources et des échanges, qui pourrait faire l'objet d'une étude exhaustive qui n'aurait évidemment pas sa place dans un tel volume, mais qui reste à entreprendre, tant les divers auteurs fournissent d'indications, évidemment non chiffrées, mais précieuses, qui demanderaient à être coordonnées. On appréciera tout particulièrement les deux chapitres, très vivants, sur la ville, « en gros » et « en détails » qui posent à juste titre le problème de la place de la ville dans l'Islam, sans peut-être insister suffisamment sur son rôle de siège du pouvoir et lieu d'exercice de la justice.

Pourvu de deux bonnes cartes et d'indices très complets, cet ouvrage constitue une excellente présentation des principaux aspects de la civilisation du monde musulman médiéval, tel que le virent les géographes de l'époque classique.

Dominique Sourdel.