La griffe, la fonction S et le mérite : cartes

de visite professionnelles

Yves Jeanneret & Emmanuel Souchier

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Dans son Dictionnaire national de 1870, Bescherelle définissait ainsi la carte de visite : « Petite carte sur laquelle on écrit ou fait graver son nom, et qu'on laisse chez les personnes qui se trouvent absentes lorsqu'on les visite, pour leur faire connaître à leur retour qu'on s'est présenté chez elles. J'ai laissé une carte chez son portier. Carte d'adresse. Carte sur laquelle un fabricant, un marchand fait imprimer son nom, son adresse et une note des objets qu'on trouve chez lui. » (Garnier, vol. 1, p. 548) II distinguait donc l'usage mondain de l'usage marchand, pour lequel on utilisait alors des cartes d'adresse. La carte de visite professionnelle est un avatar contemporain de ce que décrivait Bescherelle au siècle dernier. Elle présente toutefois deux écarts significatifs. D'une part, elle fusionne deux registres sociaux que la respectabilité bourgeoise distinguait soigneusement, celui de la dignité privée et celui de la réclame commerciale. D'autre part,