Pierre Aube. — Les empires normands d'Orient, XIe-XIIIe s., la Sicile, Constantinople, les Croisades. Paris, Tallandier, 1983, 8° , 390 pp., cartes, tabl.

La lecture de cet ouvrage pose au recenseur un délicat problème. L'A. ayant délibérément choisi de décrire la saga de ces « aventuriers bâtisseurs d'empire » que furent les membres de la famille d'Hauteville et leurs descendants, a refusé de choisir entre la rédaction d'un roman historique et celle d'un livre d'histoire. Du roman historique, l'ouvrage possède le style, vif, alerte, séduisant qui en rend la lecture tout à la fois facile et agréable ; il en a aussi la passion. Comme nous pouvons le mesurer dans la description du jeune Guillaume II (p. 243) qualifié de « souverain de rêve » et dont le portrait contraste avec celui de Frédéric II « de petite taille, malingre, chauve et voûté prématurément » (p. 309), l'A. utilise habilement les procédés littéraires pour valoriser les princes normands face à leurs rivaux germaniques.

Du livre d'histoire, l'ouvrage possède une bibliographie convenable, une cartographie, ainsi que des tableaux généalogiques et chronologiques, qui en facilitent la lecture et permettent de commencer une recherche. Malheureusement l'approche historique est vieillie. Les trois époques autour desquelles est distribuée la matière, révèle une approche presque exclusivement chronologique et événementielle. Les aspects sociaux, économiques et culturels ne sont le plus souvent évoqués qu'incidemment, de façon très superficielle et dépassée ; l'absence dans la bibliographie de l'ouvrage collectif Structures féodales et féodalisme dans l'Occident méditerranéen Xe-XIIIe s. (École française de Rome, 1980), n'est pas seulement un oubli !

*J.-P. Arrignon.