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Beillerot (Jacky). — Idéologie du savoir : Militants politiques et enseignants

[compte-rendu]

Année 1980 51 pp. 62-64
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BEILLEROT (Jacky). — Idéologie du savoir : Militants politiques et enseignants. —

Paris : Castermann, 1979. — 189 p. ; 21 cm. — (Synthèses contemporaines.)

Cet ouvrage veut poser (ou re-poser) la question du rapport au savoir dans l'espace pédagogique à partir d'une réflexion d'ordre essentiellement, sinon délibérément, socio-politique. S'il est vrai que l'acte pédagogique se situe dans un univers social à enjeux — enjeux liés à la répartition des savoirs, mais aussi à leur production, enjeux politiques et idéologiques — une réflexion prenant pour cible la façon dont ils traversent le rapport des partenaires de l'entreprise éducative est un moment nécessaire de toute elucidation de ladite entreprise. L'auteur, ce faisant, reprend certes des analyses connues. Mais il va plus loin qu'un simple constat au niveau strictement scolaire : ce qu'il veut nous signifier, c'est bien que l'école, la formation et la militance politique (celle des organisations de gauche) véhiculent Identiquement au sein même de l'acte pédagogique qui leur est essentiel ce qu'on peut appeler l'idéologie (ou les idéologies) du savoir transmis ; ou, en d'autres termes, que si elles prétendent viser une « prise de conscience » (ou une augmentation de la « connaissance») de la part des sujets individuels ou collectifs, c'est pour chercher en fait la satisfaction d'une «pulsion de pouvoir» s'accrochant à des valeurs idéologiques de vérité. L'acte pédagogique est acte idéologique : tel est le leitmotiv d'un livre qui a ainsi pour objectif plus spécifique d'intégrer la fonction de militance politique dans la problématique enseignante, non pour ramener l'une à l'autre, mais pour les éclairer l'une par l'autre.

Dans un premier temps, l'école (ou plus exactement la situation scolaire) est évoquée dans son rapport aux fonctions de production et d'appropriation des savoirs dans la société (capitaliste) d'aujourd'hui. Analyse, donc, des « éléments fondamentaux de l'enseignement-formation » qui reprend le discours des sociologues de l'éducation, pour aboutir à la distinction, fondamentale pour l'auteur, du statut social et du statut épistémologlque du savoir. « Vraies » ou non, les connaissances, les informations transmises, les « représentations » (l'auteur utilise ces termes indifféremment) participent d'un système de pouvoirs qui leur donnent une signification en tout état de cause idéologique. Ainsi va-t-on à l'école non pour connaître, mais pour apprendre : et l'école a pour fonction d'institutionnaliser le désir de connaître en « désir de maîtrise ».

Le « maître d'école » est l'agent de cette fonction d'utilisation de la connaissance en vue d'une fin de pouvoir social et, de ce point de vue, le militant politique, nous dit Beillerot, ne fait pas autre chose que le maître d'école. Reconnaissons d'abord qu'il existe dans les partis et syndicats de gauche une « pédagogie au sens large », dans la mesure où ces organisations se veulent « système d'école à l'égard de la société tout entière». Il est clair, en même temps, que la «théorie pédagogique» qui sous-tend l'action du militant n'est rien autre que la théorie pédagogique traditionnelle qui est celle-là même de la bourgeoisie. En tout état de cause aboutit-elle à l'identique forme d'enseignement-contrainte. L'auteur met en rapport cette observation avec l'histoire du mouvement ouvrier, qui en son sein, et pour lui-même, « copiait, assimilait, s'appropriait le modèle culture dominant » ; il la relie aussi au fait que le militant pédagogue trouve la justification de sa frénésie de convaincre dans la vérité du savoir transmis, sa certitude sociale. C'est dans le contenu de la théorie politique, que l'on trouve justification de la pédagogie militante de telle sorte, dit avec humour Beillerot, qu' « à qui veut enseigner comme autrefois, c'est dans les partis et les syndicats de gauche qu'il faut aller».

Le rôle des « intellectuels » est particulièrement interrogé dans le troisième chapitre, consacré à des développements relatifs à la notion de conscience, aux caractéristiques de la prise de conscience, ses niveaux, les obstacles qu'elle rencontre. Les intellectuels s'arrogent abusivement le monopole de savoirs qui ne leur appartiennent pas, et prétendent être agents de « prise de conscience ». De quel droit ?

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