UNE INNOVATION DANS LA FORMATION DE FUTURS PROFESSEURS DE SCIENCES NATURELLES

Dans le cadre de la mise en place d'un embryon de formation des maîtres au niveau des cursus de maîtrise de l'Université de Paris VI, se sont développées deux expériences parallèles à partir d'une même structure institutionnelle : une U.V. optionnelle de sciences de l'éducation.

Ces deux études tentent de rendre compte du travail réalisé, des principes qui les ont animés et du vécu des différents participants dans la perspective d'une contribution à la mise en place d'une réelle formation des maîtres.

A. — Présentation de l'expérience

Depuis la rentrée de 1976, l'Université Pierre et Marie Curie organise, dans le cadre des enseignements du second cycle destinés aux futurs maîtres, un enseignement de sciences de l'éducation. Celui-ci, assuré par des personnels de l'U.E.R. des sciences de l'éducation de l'Université René Descartes (1), est diversement intégré dans les cursus scientifiques de second cycle, mais reste ouvert, sur la base du volontariat, à tous les étudiants qui se destinent à l'enseignement secondaire.

Pour qui est quelque peu familier du cloisonnement et de la structure labyrinthique des Babel universitaires l'affaire pouvait paraître pour le moins téméraire et, de toutes manières, vouée au même sort que la plupart des formations hétérodoxes, c'est-à-dire, au mieux, se transformer en une cohabitation polie de disciplines qui s'ignorent.

Pourtant, trois ans plus tard, la coopération entre « scientifiques » et « formateurs » est toujours effective. En outre, elle s'est élargie à l'ensemble des disciplines et s'est enrichie par l'organisation d'activités pluridisciplinaires auxquelles collaborent, notamment, des enseignants biologistes et des psychologues et sociologues de l'éducation.

Deux types d'insatisfaction sont à l'origine du malaise :

— l'un, d'ordre général, concerne leur absence de formation professionnelle propre et les difficultés conséquentes rencontrées pour maîtriser, voire infléchir, les formations universitaires qu'ils dispensent ;

— l'autre, plus spécifique à la formation des maîtres, concerne l'inadéquation constatée entre les études universitaires et les exigences du métier de professeur dans l'enseignement secondaire.

a) La plupart des universitaires ont appris à enseigner « sur le tas » et sont passés directement du statut d'enseigné à celui d'enseignant sans qu'il leur ait été donné de réfléchir ni sur la forme, ni sur le contenu, ni sur les finalités de leur enseignement.

D'autre part, la situation très particulière qu'ils connaissent sur le plan intellectuel (participer à la diffusion des connaissances en même temps qu'à leur élaboration) est d'autant moins propice à une remise en question pédagogique que leur carrière est strictement liée à leur activité scientifique.

Il en résulte que l'organisation des cursus est fondamentalement monodisciplinaire et fermée (juxtaposition de créneaux hautement spécialisés).

b) En ce qui concerne la formation des maîtres, la situation est plus grave encore car aux inconvénients de la « formation » universitaire proprement dite qui, dans la plupart des cas, ne permet pas d'accéder à une bonne maîtrise de la discipline, s'ajoute l'absence de réflexion sur la didactique de celle-ci, sur les problèmes psychologiques et sociologiques de l'enfant et de la classe, ou sur la signification du métier de formateur.

La prise de conscience de nos «vices de formation », si elle nous a permis de proposer une explication au malaise ressenti (malaise notamment lié à l'isolement, à l'inculture et à I' « infirmité » des spécialistes que nous sommes), nous a conduit également à la recherche d'une approche pluridisciplinaire de la formation des enseignants.

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