Couverture fascicule

Reboul (Olivier). — Qu'est-ce qu'apprendre ? : Pour une philosophie de l'enseignement

[compte-rendu]

Année 1981 56 pp. 79-80
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 79

REBOUL (Olivier). — Qu'est-ce qu'apprendre ? : Pour une philosophie de l'enseignement — Paris : P.U.F., 1980. — 206 p. ; 21 cm. — (L'Educateur ; 75).

On sait la clarification qu'apporte O. Reboul aux problèmes qu'il aborde, non parce qu'il en réduirait ou en simplifierait les données mais parce qu'il les maîtrise assez pour les exposer avec netteté dans toute leur complexité ; on sait aussi qu'il ne craint pas de s'opposer aux idées à la mode, en dépit de leur impérialisme. Son récent ouvrage sur l'endoctrinement (recensé in n° 43, 1978, pp. 97-99) avait montré ces deux caractéristiques ; celui-ci les confirme, qui, dans la même langue sobre et classique, avec la même fermeté de pensée, s'interroge sur ce que c'est qu'apprendre et sur les conditions auxquelles l'enseignement permet d'apprendre.

D'emblée, l'auteur distingue entre trois registres : apprendre que : il s'agit d'une recherche d'information, qui fournit des renseignements ; apprendre à : il s'agit, au sens propre, de l'apprentissage, qui procure des savoir-faire ou des techniques ; apprendre, employé Intransitivement : il s'agit alors de l'étude, qui amène à comprendre ; et apprendre « à être », dont on parle tant et qu'on acquiert si peu aujourd'hui, ne comporte pas de faire l'économie de l'information, de l'apprentissage et de l'étude mais requiert de passer par eux, faute de quoi on s'installe dans l'illusion ou l'on s'abandonne au danger de l'anti-intellectualisme.

L'ouvrage s'emploie d'abord à différencier ces trois manières d'apprendre, pour montrer ensuite que, si l'on n'apprend pas exclusivement par l'enseignement, celui-ci est néanmoins requis pour apprendre sûrement ; loin d'en empêcher, comme on le prétend si volontiers, il en est, à condition qu'il soit vraiment lui-même, le meilleur moyen.

On ne suivra pas toutes les étapes d'une argumentation serrée, méthodique et très construite. Notons néanmoins, car il s'agit du thème central, que, comme naguère Alain, elle établit, contre les slogans du jour, que « l'enseignement prépare à la vie en créant des situations qui simulent celles de la vie sans se confondre avec elles » (p. 14) car « les problèmes de l'école sont analogues à ceux de la vie, mais sans leurs conséquences » (p. 15).

En dépit de « l'inactualité » de cette thèse, O. Reboul la soutient car, dit-il, il n'est « pas de ceux qui, depuis les pontifs officiels jusqu'aux contestataires gauchistes, reprochent à l'école d'être hors de la vie » (p. 15), et on lui saura gré d'ajouter que, en dépit de l'accord paradoxal dont elle est démagogiquement le lieu, une telle objection « n'exprime pas un défaut de l'enseignement mais son essence » (p. 15) ; comme on voudrait que cela fût compris par ceux qui le dirigent comme par ceux qui le donnent ! Aussi bien existe-t-il des écoles et faut-il qu'il en existe «précisément parce que la vie n'en est pas une» (p. 16).

Encore faut-il que l'école soit fidèle à cette essence. Prétendre l'aligner sur la vie, c'est, en particulier, l'amener à sélectionner au lieu d'instruire. Comment, si l'on préconise cette confusion, s'étonner des effets qu'elle produit ? Aussi bien sont-ce les mêmes qui conseillent le premier sans guère déplorer le deuxième, et les mêmes aussi qui protestent contre le deuxième sans comprendre qu'ils accentuent d'autant plus ce défaut qu'ils recommandent aveuglément « l'ouverture ». Et n'est-ce pas paradoxalement ce qu'il faut reprocher à certains praticiens d'une certaine non-directivité non interventionniste : en s'effaçant, ils laissent place aux pires injustices de la force et des influences extra-scolaires et s'interdisent précisément de corriger ce qu'ils condamnent si bruyamment. Tel est notamment le cas de ceux à qui le « mépris affiché du pouvoir et du savoir leur donne sur leurs disciples un pouvoir sans limite, au point de les changer pour longtemps en singes et en perroquets» (p. 125). En revanche, c'est dans l'exacte mesure où elle ne s'aligne pas sur la vie que l'école dispose d'un certain pouvoir pour corriger ses défauts et peut donc jouer un rôle spécifique, « on dit que l'enseignement est au

79

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw