NOTES CRITIQUES

Débat autour d'un livre

SNYDERS (Georges). — II n'est pas facile d'aimer ses enfants. — Paris — 291 p., 22 cm. — (Pédagogie d'aujourd'hui).

P.U.F., 1980.

Présentation, par Jean HASSENFORDER.

Pourquoi aime-t-on tellement ses enfants ? Pourquoi a-t-on tant de difficultés à les aimer ? Ce sont des questions simples, à partir de l'expérience quotidienne, mais des questions essentielles qui viennent du plus profond de l'existence et qui portent loin.

Georges Snyders leur consacre un livre où il s'interroge sur l'amour que les parents portent à leurs enfants et sur le lieu de cet amour : la famille.

Sur quels fondements asservir l'amour parental ? L'auteur interroge différentes visions du monde qui apparaissent dans des pratiques quotidiennes, des textes religieux et philosophiques, des recherches psychologiques ou sociologiques. A partir de ce bilan, qu'il juge insatisfaisant, le voici en route pour une « reconquête de l'amour parents-enfants » à travers une critique de négateurs de la famille et une prise en compte de certains apports contemporains.

Tout au long de ce livre, Georges Snyders fait appel à diverses approches scientifiques : psychologique, historique, sociologique. Dans la critique, la polémique ou l'adhésion, le voici en prise, en fonction de sa propre vision du monde, avec des philosophies sociales bien différentes. C'est donc un livre engagé qui appelle à la confrontation.

Les courants de pensée interpellés sont trop nombreux pour être tous représentés ici, mais les deux contributions ci-après et la réponse de Georges Snyders constituent les éléments d'un débat, où la réflexion sur les apports scientifiques rejoint les problèmes de valeur, mais aussi les passions et les idéologies de notre temps. Un débat appelé à se poursuivre où, bien entendu, selon la formule consacrée, les avis exprimés n'engagent que leurs auteurs.

Il n'est pas facile d'aimer ses enfants, par Luc BASTIDE.

Après l'école, la famille. De même que dans ses trois ouvrages antérieurs (1), G. Snyders défendait l'institution scolaire contre certains de ses détracteurs, de même il s'efforce de justifier l'institution familiale par l'amour ou du moins les possibilités d'amour que les parents sont susceptibles de témoigner à leurs enfants.

L'entreprise est de taille. Non seulement elle se heurte à nos préjugés, à nos tabous d'amour pour l'enfant irait de soi), mais aussi à ceux qui disent que, finale» ment l'amour parental est impossible tant il est infiltré de leurres, de sadisme, de volonté de domination, de manipulation, de conflits.

Certes les obstacles sont nombreux. Dans une préface admirable tant le ton y est juste, G. Snyders les recense avec une remarquable lucidité. Cet enfant que je

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