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Rebondir: l'alchimie d'un lancement réussi

Reflets d'une époque difficile, les publications pour ou par les sans-emploi, les sans-logis se multiplient (Macadam, Réverbère, etc.) Nous publions ci-dessous l'aventure récente de la plus ancienne : Rebondir, sans juger s'il s'agit d'une exploitation d'une situation difficile ou d'une aide pour en sortir. Le responsable de l'agence Médiangles qui a lancé la publication raconte avec des mots simples son histoire.

Quand des éditeurs poussent la porte de Médiangles pour une étude de lancement, le scénario est souvent le même : « Un je-ne-sais-pas-s'il-est-possible-de- tester-mon-concept-il-est-tellement- novateur » auquel je réponds par un « Dites-toujours » un peu désabusé. Cette fois, le projet de Bertrand Lobry m'a réveillé comme un coup de clairon. « Pourquoi les trois millions de chômeurs français n'auraient-ils pas leur journal ? » Dans l'air du temps? À l'heure où le seuil des trois millions venait d'être dépassé, le projet ne l'était que trop. Deviendrait-il un des magazines phare des années quatre-vingt-dix? En créant avec succès dix ans plus tôt, en pleine période Golden boys, le journal Défis, Bertrand Lobry avait déjà prouvé son flair. (Je suis impatient de savoir ce qu'il nous prépare pour les années 2000). Mais les chômeurs oseraient-ils acheter en kiosque un

nal aussi honteux? Arriverait-on à toucher une clientèle aussi peu solvable? Le paradoxe, Bertrand Lobry n'en avait pas peur. Le projet était à l'origine intitulé 3 millions, avec la devise : « le seul journal qui ne demande qu'à disparaître ! » Pendant plusieurs mois d'étude, de conception rédactionnelle et graphique, de réglage du lancement, une équipe de consultants* allaient s'attacher à la faire mentir.

Au-delà des espérances

Un plan déjà ambitieux avait fixé le premier tirage à 300 000 exemplaires. Le jour