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"La France, ton café fout le camp !"

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De l'histoire du livre à l'histoire de la communication

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Robert Darnton

« La France, ton café

fout le camp

DE L'HISTOIRE DU LIVRE

À L'HISTOIRE DE LA COMMUNICATION*

1 y a environ vingt-cinq ans, une rupture s'est opérée dans l'histoire intellectuelle. D'un côté, les penseurs intéressés par l'histoire sociale se sont lancés dans l'étude de la diffusion des idéologies, de la culture populaire et des mentalités collectives. De l'autre, ceux qui étaient attirés par la philosophie se sont concentrés sur l'analyse de textes, l'intertextualité et les systèmes linguistiques associés à des écoles de pensée. Cette dissociation a débouché sur l'apparition d'une profusion de domaines spécialisés parmi lesquels se sont détachés deux courants principaux. Le premier peut être défini comme 1'« étude de la diffusion» ; il s'attache en particulier à une recherche sur le livre et sur l'imprimé en tant qu'agent historique. Il a pour foyer intellectuel Paris, où Henri-Jean Martin, Roger Chartier, Daniel Roche, Frédéric Barbier et d'autres ont fait de 1'« histoire du livre » une discipline à part entière. Le second courant est celui de 1'« analyse du discours » ; consacré à l'histoire de la pensée politique, il s'est développé à Cambridge, où John Pocock, Quentin Skinner, John Dunn et Richard Tuck ont transformé la perception de la culture politique dans le monde anglophone.

Ces deux courants ont eu chacun leurs points forts et leurs faiblesses. Les « diffusionnistes » ont remis en cause la conception alors dominante de l'histoire littéraire comme étude des grands auteurs et des grandes œuvres ; ils ont tenté de reconstruire la culture littéraire dans son intégrité et non plus seulement les canons des classiques. Ils ont étudié les transformations dans la production des livres en général, les genres populaires tels que la littérature de colportage (chapbooks) et les almanachs, le rôle des éditeurs et des libraires autant que celui des écrivains,

et ont lancé les prémisses d'une recherche sur la réception et sur la lecture des œuvres. Dans la conception de leur objet d'étude, ils se sont inspirés de l'œuvre de sociologues, notamment de celles de Pierre Bourdieu, Norbert Elias et Jürgen Habermas. Dans leur mode de travail, ils ont privilégié l'analyse quantitative et les méthodes de l'histoire sociale développées par l'école des Annales. Ils avaient pour but, comme leurs confrères Annalistes, de développer une « histoire totale » du livre, qui soit à la fois sociale, économique, intellectuelle et politique.

À bien des égards, on peut considérer qu'ils ont atteint leur objectif. En effet, si on évalue leur réussite par l'influence de leurs recherches, il faut reconnaître qu'on leur doit d'avoir établi des critères qui seront repris dans l'ensemble du monde occidental, depuis la publication du premier volume de Livre et société, par François Furet en 1965 (Paris, La Haye, Mouton), jusqu'à la sortie du dernier volume de Y Histoire de l'édition française par Henri- Jean Martin et Roger Chartier en 1986 (Paris, Promodis). Mais les historiens parisiens du livre ont aussi rencontré de nombreuses difficultés, dont certaines étaient héritées des travaux que Daniel Mornet avait consacrés au début du siècle à l'étude de la diffusion. Le modèle de Mornet rappelle le fonctionnement d'une cafetière : il suppose en effet que les idées se diffusent de haut en bas, filtrant depuis l'élite intellectuelle vers le public, et qu'une fois absorbées par le corps politique, elles deviennent le ferment d'un esprit révolutionnaire ; il y voit donc une cause nécessaire, sinon suffisante, de la Révolution française.

* Une première version de ce texte a été donnée sous forme de conférence à la Dutch Graduate School for Cultural History à Amsterdam, le 22 juin 1993.

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