Couverture fascicule

Nicola A. Ziadeh. — Damascus under the Mamluks

[compte-rendu]

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COMPTES RENDUS

, 12°, xx-140 pp., un croquis.

La collection intitulée « The Centers of Civilization Séries », que publie l'Université d'Oklahoma, a pour objet de présenter au grand public des villes qui « ont exercé une influence rayonnante sur la civilisation où elles ont existé ». Les volumes déjà parus sont, comme on pouvait s'y attendre, de valeur inégale, mais ceux qui touchent la civilisation islamique, relativement nombreux, ont été confiés à de bons spécialistes qui ont su faire revivre, à travers eux, divers aspects de cette civilisation, que ce soit à Shiraz à l'époque médiévale (tome II, par A. J. Arberry), à Fès à l'époque mérinide (IV, par R. Le Tourneau), à Istanbul sous les Ottomans (IX, par B. Lewis) ou au Caire (XVI, par G. Wiet). Le nouveau volume portant sur la « Damas mamlouke » rassemble à son tour agréablement et clairement les informations essentielles que nous possédons sur la vie à Damas aux xine, xive et xve siècles.

Une introduction historique rappelle d'abord les attaques et destructions que la ville, à peine relevée des ruines laissées par l'invasion mongole de 1260, devait successivement subir, en 1298-1300 du fait du mongol Ghazan et en 1402 du fait de Tamerlan. Après avoir décrit l'organisation, sous la domination des sultans mamlouks du Caire, de la province de Shâm qui comprenait les régions de Syrie, Liban, Palestine et Jordanie, l'auteur fait ensuite apparaître l'agglomération damascaine à travers les témoignages de divers voyageurs musulmans, tels que l'Espagnol Ibn Djubayr, ou européens comme Niccolô da Poggibonsi, Bertrandon de la Broquière ou Ludovico di Varthema ; les uns et les autres insistent particulièrement, d'une part sur la splendeur de la mosquée qui remontait aux Umayyades, d'autre part sur la richesse des marchés qui avoisinaient ce monument, richesse correspondant au développement économique de la Syrie, à une époque où la côte avait été reprise aux croisés et où les routes commerciales passant par l'Empire byzantin étaient définitivement délaissées.

Un quatrième chapitre décrit les principaux éléments vitaux de cette ville dont les quartiers périphériques connurent alors une vitalité débordante. L'auteur passe ensuite à l'étude — rapide — de la population et de sa vie quotidienne, ainsi qu'à l'exposé des institutions qui la régissaient et qui animaient le fonctionnement de ses principaux organismes (hôpitaux, couvents, mosquées, madrasas). Il termine par un chapitre plus important sur la vie intellectuelle, où sont brièvement caractérisés les courants de pensée de l'époque (pensée musulmane traditionaliste, mouvement mystique inspirant l'activité des confréries, mouvement scientifique), et présente les grandes figures damascaines du temps, au premier rang desquelles se situent d'une part le mystique Ibn 'Arabi et de l'autre le jurisconsulte hanbalite Ibn Taymiya qui devait exercer sur l'évolution ultérieure de l'Islam une influence si profonde.

L'exposé, riche en citations, est ainsi bien mené, mais il reste à savoir si l'auteur a eu raison de le centrer sur la période mamlouke pendant laquelle la ville de Damas n'apparaît malgré tout, à côté du Caire, que comme un centre provincial d'importance secondaire. Bien des aspects de la Damas ainsi décrite remontent en effet à la période immédiatement antérieure, celle de Nour al-din et de Saladin, qui fut marquée par le renouveau sunnite face au danger des croisades, ainsi que par un développement matériel déjà remarquable en dépit de la situation troublée du territoire syro-palestinien. Si Damas fut un « centre de civilisation », ce fut plutôt au xne siècle qu'à l'époque mamlouke qui n'est, à bien des égards, que le prolongement de la période précédente. L'auteur lui-même, qui fait de fréquents retours en arrière, l'a sans doute senti et, s'il a choisi en définitive la période mamlouke, c'est, semble-t-il, surtout en raison de sa spécialisation personnelle.

Néanmoins, tel qu'il se présente, ce petit livre fournit une première initiation aux aspects de la civilisation urbaine en Islam aux xine-xve siècles, ainsi qu'aux problèmes de la pensée musulmane, et l'indéniable mérite de l'auteur aura été de ne point se contenter d'une banale description de ville, mais d'insister au contraire sur le rayonnement culturel de Damas dans le monde musulman.

D. Sourdes.

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