Couverture fascicule

F.C. Gardiner. — The Pilgrimage of Desire. A Study of Theme and Genre in Medieval Literature

[compte-rendu]

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, gr. 8°, 162 pp.

Ce livre est un essai intéressant, original, de « recherche des sources ». Pour situer dans une tradition plusieurs « Jeux » liturgiques du moyen âge — ceux qui représentent et commentent l'épisode des disciples d'Emmaùs, — l'auteur applique la méthode de la Quellenforschung à la découverte, non point de parallèles textuels entre les documents qu'il étudie et d'autres, plus anciens, mais de « thèmes » spirituels qui ont successivement inspiré des pères de l'Église, des écrivains médiévaux et les rédacteurs de ces « Jeux des pèlerins ». Une idée domine la péricope évangélique et les développements que l'on a voulu lui donner dans le théâtre religieux : celle de la présence du Christ alors qu'on ne l'avait pas reconnu, qu'on le croyait absent, puis de l'amour dont on est envahi au moment où il disparaît, et qui constitue une forme nouvelle de présence; car cet amour est en même temps désir et possession. F.C. Gardiner analyse les commentaires qui ont été donnés du récit de saint IyUc par saint Augustin, puis par saint Grégoire le Grand; celui-ci propose une interprétation psychologique et la transpose sur le plan mystique : chez les pèlerins d'Emmaùs et dans le chrétien qui vit de la foi, une certaine forme de doute — qui, en réalité, est une recherche ardente — se concilie avec un réel amour du Seigneur, lequel suppose qu'on l'a rencontré véritablement. Gardiner suit les vicissitudes de cette attitude, pour ainsi dire, dialectique, chez Bède le Vénérable, puis chez les auteurs du ixe s. et des époques suivantes : les uns font preuve de fidélité verbale au texte évangélique, d'autres de liberté dans son interprétation. Auxne s., la pensée de saint Grégoire est reprise, développée, enrichie des résonances d'une sensibilité nouvelle. Deux sermons que saint Grégoire avait consacrés à cette page de saint I/uc se trouvent ainsi à l'origine lointaine d'un « Jeu » médiéval. Chemin faisant, de pénétrantes observations sont faites sur la façon dont Bède, Haymon, Bruno de Segni, Geoffroy d'Admont et d'autres ont utilisé saint Grégoire et d'autres sources. Une enquête semblable est ensuite poursuivie en de nombreuses « lettres d'amitié » où la dialectique de la présence et de l'absence, de l'affection fidèle en dépit de la séparation, ou, si l'on veut, de 1' « amour séparé », donne lieu à des effusions qui sont sincères, bien que la rhétorique n'y manque pas. Cette fois, l'évolution va de saint Grégoire à Pierre de Blois en passant par Isidore, Bède, Alcuin, Anselme, Hildebert, Baudry de Bourgueil et d'autres. Et de nouveau, des analyses bien menées dégagent tout un vocabulaire qui correspond aux deux données contenues dans <( l'expérience d'Emmaùs » : possession et non-possession, voyage et arrivée, exil et patrie, peine et consolation.

Tout ceci transparaît dans cinq « Jeux » latins, qui sont comparés entre eux quant à l'usage qu'ils font d'une hymne par laquelle ils débutent — le Jesu nostra redemptio de la fête de l'Ascension — et dont le deuxième vers contient les deux mots qui donnent la clef de tout le mystère : amor et desiderium. A ce propos, Gardiner signale l'influence que Jean de Fécamp — lui-même tout pénétré de la pensée mystique de saint Grégoire — a pu exercer en ce domaine. Et l'étude de ces thèmes de spiritualité le conduit aux frontières de la théologie, quand il parle du réalisme sacramentel propre au drame liturgique : il ne s'agit de rien moins que de revivre efficacement l'événement d'Emmaùs. Un groupe de quatre « Jeux » anglais, composés à partir du milieu du xive s., au sujet des Disciples ou des Pèlerins d'Emmaùs, est moins homogène, en ce sens que les œuvres se différencient l'une de l'autre plus que ne le faisaient les textes latins. Mais, dans une langue nouvelle, la « tradition grégorienne » se maintient. Plus haut, l'auteur avait signalé

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