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André Scobeltzine. — L'art féodal et son enjeu social (« bibliothèque des idées »)

[compte-rendu]

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, 325 pp., 112 fig., 32 h.-t. (« Bibliothèque des idées ») .

« Arracher les études littéraires et artistiques à la monomanie historisante et archéologique, afin de replacer l'œuvre d'art à sa place anthropologique convenable dans le musée des cultures1 », et ce, sans concessions à la rigueur scientifique de l'investigation, tel était l'appel lancé par G. Durand en conclusion de son ouvrage sur les structures de l'imaginaire. Le livre d'A. Scobeltzine répond en partie à cette attente dans le domaine féodal qui, jusque là, n'avait guère vu d'études à portée anthropologique.

L'auteur part à la recherche de la « trace de l'homme féodal », et l'une des conclusions possibles de cette riche enquête est qu'il faut désormais admettre l'existence d'un imaginaire non seulement féodal, mais de surcroît typiquement roman, puis typiquement gothique, engendrés par des aspirations et des conflits radicalement différents des nôtres.

Pour décrire les règles de cette « grammaire de la pensée féodale », l'auteur a rassemblé certains traits particuliers et apparemment disparates de la peinture, de la sculpture et de l'architecture romanes, puis gothiques; il a ensuite tenté d'en discerner les causalités communes. Cette approche — de type psychanalytique, selon l'expression de l'auteur — a rendu nécessaire l'établissement systématique d'analogies entre les phénomènes littéraires, théologiques, idéologiques, mais surtout économiques et sociaux de la civilisation contemporaine.

« L'homme roman est insaisissable » (p. 14). Se fondant sur de nombreux exemples iconographiques, l'auteur montre que l'individu n'existe alors que parce qu'il appartient à un ensemble, car il n'a pas, par lui-même, de réalité indépendante. Les conditions sociales précaires du xie s., toute autorité centrale ayant disparu, rendent nécessaire la subordination de l'individu à un puissant qui lui assurera l'indispensable protection. Cette dépendance de l'individu à son milieu constitue l'affirmation primordiale d'où découle toute l'étude.

A un tel souci d'intégration correspond souvent en sculpture l'expression des corps, qui traduisent la tension de l'être participant à un mouvement qui le dépasse (Souillac, Moissac, Vézelay...). Cette tension « épique » est aussi celle de la chanson de geste, où « il n'y a pas de place pour l'homme au repos » (p. 46). La plastique des vêtements, qui, en même temps qu'ils se polarisent sur le corps, le relient — en le prolongeant — au cadre, témoigne du désir de s'intégrer à une structure protectrice, désir motivant également la soumission de l'artiste à la tradition et celle du juriste à la coutume. Dépendance aussi vis-à-vis du seigneur, pour lequel on éprouve des sentiments ambivalents : on voit en lui le protecteur, certes (iconographie du bon seigneur), mais souvent le père angoissant et castrateur (d'où l'image du mauvais seigneur, quelquefois symbolisé par le diable), grand féodal qui, dans la réalité sociale, abuse de son pouvoir au cours des conflits qui l'opposent à ses pairs (Conques, Autun...).

1. Gilbert Durand, Les structures anthropologiques de l'imaginaire, Paris, i960, nouv. éd., Paris, Bordas, 1969.

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