Archibald R. LEWIS
MIDI FRANÇAIS, IRAQ
BUWAYHIDE ET JAPON r
ÉTUDE COMPARÉE
DES FÉODALITÉS, 946-1055-
En l'année 946, dans trois régions séparées du monde civilisé, survinrent des changements, qui marquent le début d'une ère nouvelle. En Iraq, cette entrée vit un aventurier persan Daylamite de tendance shiete, nommé Ahmad, se rendre maître de Bagdad et des plaines avoisinantes, et fonder ainsi une dynastie qui devait durer plus de cent ans1. Une décennie plus tôt environ, dans le Midi français, deux princes de la maison de Toulouse et leur allié et parent gascon se rendirent vers le nord, en Auvergne, pour prêter hommage, à raison de leurs vastes fiefs situés en France méridionale, au faible monarque carolingien Louis IV, et cet hommage devait pour plus de deux siècles être le dernier que des membres de cette maison rendraient à leur suzerain septentrional2. Finalement, en cette année 946, dans le Japon, un officier du gouvernement central de Kyoto, du nom d'Ono, après avoir anéanti les forces d'un pirate appelé Sumitomo,, lança un appel contre l'emploi d'armées privées, qui aboutissait au désordre et rendait le gouvernement central incapable de maintenir la paix et la sécurité3. ..
* Professeur à l'Université du Texas, Austin (U.S.A.).
** Traduit de l'anglais par Ph. Wolff.
1. Cahen (Claude), The Buwayids or Buyids, dans The Encyclopedia of Islam, éd. Lewis ( ?.), Pellat (Ch.) et Schacht (J.), I (1958), 1360.
2. Flodoard, Annales, année 932. Peut-être y eut-il un autre acte d'hommage en 941. Ce fut en tous cas le dernier. Sur ceci, voir : Lewis (Archibald R.), The Development of Southern French and Catalan Society, 118-1050, Austin, Texas, 1965, pp. 187-89.
3. Voici la déclaration d'Ono r « Beaucoup font un usage illégal du pouvoir et de l'autorité, forment des confédérations, se livrent tous les jours à des exercices militaires ; rassemblent et entretiennent hommes et chevaux- sous prétexte de chasse ; menacent les garnisons de district, pillent le petit' peuple... J'appelle à les considérer comme des bandits, et à les jeter en prison dès qu'ils seront pris, à l'exception des envoyés des gouverneurs principaux qui entrent dans une province à la tête de troupes munies d'arcs et de flèches, ? . D'après la traduction de Brinklby (F.), A history of the Japanese people, Londres, 1915, p. 255.
