Claudio SANCHEZ ALBORNOZ
CONSEQUENCES DE LA
RECONQUÊTE ET DU
REPEUPLEMENT SUR LES
INSTITUTIONS FEODO-
VASSALIQUES DE LEON ET
DE CASTILLE "
J'ai prouvé, il y a de cela plusieurs années, la protoféodalisation de la société et de l'Etat hispano-gothique dans les dernières années de son histoire. Personne ne s'est élevé contre mes conclusions et Merêa, Valdeavellano, Garcia Gallo, Gibert... les ont acceptées. Le prince était entouré de deux groupes concentriques de personnes liées à lui par des liens personnels étroits : l'un le plus restreint, constitué par les gardin- gos et l'autre, plus vaste, par ce que l'on appelait les fidèles regis. Bs devaient au prince fidèle obsequio et sincero servitio et étaient obligés d'assurer sa custodia et sa vigilamtia. Ces groupes jouissaient d'un status juridique privilégié et étaient récompensés par la cession de terres in stipendio, octroyées à titre précaire, ainsi que cela se faisait encore en Occident, c'est-à-dire, sous la forme de remise gratuite, sans indication de durée précise, le prince conservant le droit de révocation, et fort sans la rédaction préalable d'un document.
Les magnats et aussi certains prélats — ceux de souche gothique, je crois, — étaient à leur tour entourés de « patrocinados *t ou protégés, qui recevaient d'eux des terres, des soldes ou des armes. La législation avait rendu légales de telles clientèles. Et par la loi militaire d'Ervigio ??.2.9., nous savons qu'ils se rendaient à l'armée non à l'injonction des officiers publics — ducs et comtes — mais de leurs maîtres.
? est certain, par conséquent, que dans l'Espagne gothique de la fin du VIIe siècle, les structures étatiques, de droit public et d'origine s'étaient fissurées et que commençait à surgir une articulation qui n'était pas trop différente de celle qui avait mûri de l'autre
* Directeur de l'Institut d'histoire d'Espagne de l'Université de Buenos-Aires, Anchorena 1481 - Buenos-Aires.
** Traduit de l'espagnol par A. Gallego.