Couverture fascicule

Les anti-peurs

[article]

Année 1993 57 pp. 131-139
Fait partie d'un numéro thématique : Peurs
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Edgar Morin Les anti-peurs

(entretien avec Bernard Paillard)

Bernard Paillard : La peur est liée à V expérience de la menace et du danger. Réaction vitale, elle a ses bases biologiques et se traduit par certains comportements. L'être humain, sur ce plan, complexifie le monde de la peur. Car il a la capacité d'inventer des peurs, de se créer des menaces symboliques. Comment voyez-vous cette réalité fondamentalement bioanthropologique ?

Edgar Morin : J'évoquerai, en premier lieu, la difficulté d'attribuer une frontière nette à la notion de peur. Elle se situe entre la crainte et l'effroi, entre l'épouvante et la panique aussi, quand elle est collective. La peur est, incontestablement, un ingrédient commun. Elle est, peut-être, une notion minimale commune à beaucoup d'autres choses qui, en quelque sorte, dépassent la peur tout en l'intégrant. On a donc affaire à un concept typiquement flou, ce qui ne veut pas dire qu'il soit mauvais.

Sur le plan animal, la peur se remarque à certains comportements. Un comportement actif de fuite : «la peur donne des ailes». Autrement dit, elle est un élément d'une conduite de salut. Elle permet d'éviter, par la fuite, un danger. A l'opposé, un autre comportement typique de la peur est la paralysie. Au moment où le computeur de l'être est complètement dépassé, il n'a plus la capacité de trouver une réponse comportementale. Mais certaines espèces utilisent stratégiquement cet immobilisme, en «faisant le mort». L'homme lui-même est capable d'adopter cette tactique. Il peut même la faire sienne de façon inconsciente : pendant la guerre de 1914-1918, on avu des soldats sortir des tranchées pour tomber dans un sommeil des plus profonds. Il y a, enfin, le phénomène d'inhibition, qui empêche de trouver une solution adaptative. Il peut même y avoir une fascination fatale du danger. Le phénomène n'est pas uniquement humain. On le trouve aussi chez les animaux. Qu'est, par exemple, une proie fascinée par son prédateur ? Ce n'est pas

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