LES TOMBES DU LANGUEDOC ORIENTAL

AU PREMIER ÂGE DU FER

DANS LEUR CONTEXTE CULTUREL :

ACQUIS ET PROBLÈMES

Du Bronze final III B aux débuts du Ve s. av. J.-C, la documentation concernant les sépultures du Languedoc oriental est abondante mais inégalement répartie, dans l'espace et dans le temps. Pour l'essentiel, elle provient de tombes sous tumulus qui sont nombreuses dans les zones de Garrigues, des Gorges de l'Hérault à la région de Bagnols-sur-Cèze, aux abords de la rive droite du Rhône. Ce mobilier a été publié, ou parfois seulement signalé tombe par tombe ou nécropole par nécropole au fur et à mesure des découvertes. Mais, à l'exception d'une tentative partielle (1), ces trouvailles n'ont fait l'objet d'aucune étude synthétique. Au contraire, au vu de données essentiellement analytiques, les protohistoriens se sont tournés d'emblée vers les interprétations visant à expliquer un phénomène dont il reste à connaître une vue d'ensemble et partant ses limites. En outre ce matériel est resté longtemps la seule documentation permettant d'appréhender l'Âge du Fer de cette région (2), à l'inverse de la partie occidentale du Languedoc où découvertes et explorations d'habitats allaient parfois de pair avec celles de nécropoles. L'absence de fouilles d'habitats dans la même région obligeant alors les protohistoriens à chercher des termes de comparaison, d'ailleurs pas toujours synchrones, dans des régions voisines et en particulier en Languedoc occidental, a conduit à attribuer une très grande originalité à ce mobilier et à y reconnaître les vestiges d'une civilisation particulière, intrusive en Languedoc oriental. Ainsi, les tumulus seraient le témoignage d'invasions « celtiques » ou « hallstattiennes », « hordes » (M. Louis) de pasteurs, venues des bords du Rhin par les crêtes qui bordent la vallée du Rhône (M. Louis, J. Jannoray) ou par les drailles de l'intérieur du Massif Central (A. Soutou), en marche vers les Pyrénées et la Péninsule ibérique à travers les Garrigues languedociennes. Selon cette théorie, cette invasion s'insérerait dans un ensemble de mouvements de peuples qui aurait affecté en particulier le sud de la France et le nord de l'Espagne. Elle aurait succédé à une première vague d'envahisseurs dits « peuples des Champs d'Urnes »