Plan

Chargement...
Couverture fascicule

Les stratégies matrimoniales dans l'aristocratie

[article]

Notes provisoires

Fait partie d'un numéro thématique : Stratégies de reproduction-2
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 74

74 Monique de Saint Martin

MONIQUE

DE SAINT MARTIN

LES STRATEGIES MATRIMONIALES DANS L'ARISTOCRATIE

NOTES PROVISOIRES

On sait l'intérêt des familles de l'aristocratie pour leur propre histoire et, plus largement, pour l'histoire. Elles détiennent plus souvent encore que les familles de la bourgeoisie des ouvrages écrits par l'un de leurs membres sur leur propre famille, des archives familiales, des écrits ou des documents généalogiques, le plus souvent manuscrits, parfois imprimés (1). Dans les généalogies qui constituent la forme la plus répandue de ces écrits, les dates et les lieux de naissance et de décès des différents membres de la famille sont consignés très soigneusement de même que les titres de noblesse, les alliances conclues, le prénom et le nom du conjoint et de ses parents. L'analyse partielle de l'une de ces généalogies, établie en 1 977, présentant l'ensemble des descendants d'Henri de T. et de Laure de C, qui s'étaient mariés en 1864 et qui appartenaient tous deux à des familles de l'aristocratie provinciale du Nord de la France, permet de dégager quelques indications sur les stratégies matrimoniales de cette famille.

Parmi les descendants d'Henri de T. et de Laure de C, tous les hommes des trois générations suivantes, âgés de 30 ans et plus (soit 16) étaient mariés en 1977, contre 17 sur 27 seulement des femmes du même âge. Les hommes avaient pour la plupart épousé des femmes étrangères à l'aristocratie —c'était le cas de 10 d'entre eux—, tandis que les femmes mariées avaient épousé plus souvent des aristocrates (10) que des «roturiers» (7) ; les femmes non mariées appartenaient relativement plus souvent aux deux dernières générations qu'à la première —plusieurs avaient 20 ans à la fin des années 50 ou au début des années 60—, et les aînées s'étaient moins souvent mariées que les cadettes (2).

Il semble donc que, dans cette famille de l'aristocratie, il est plus facile aux hommes qu'aux femmes de se marier, qu'ils disposent de plus de «liberté», pour choisir leur conjoint, et que les femmes voient se réduire leurs chances de se marier à mesure que les générations avancent (3).

1— Sur les documents généalogiques détenus par les familles de la bourgeoisie, Cf. B. Le Wita, Mémoire familiale et mémoire généalogique dans quelques familles de la bourgeoisie parisienne , Paris, Ministère de la Culture, Conseil du patrimoine ethnologique, 1983, rapport ronéoté, spéct. pp. 56- 63.

Pourquoi les femmes, et notamment les aînées, se sont-elles mariées moins souvent que les hommes et pourquoi, lorsqu'elles se sont mariées, sont-elles restées plus souvent à l'intérieur de leur groupe au sens strict que les hommes ? L'analyse d'autres familles de l'aristocratie, proches et différentes à la fois, devrait nous permettre de comprendre s'il s'agit d'un cas-limite ou si l'on retrouve fréquemment les mêmes oppositions.

Dans les autres cas étudiés, les hommes ne se sont pas tous mariés. C'est ainsi que parmi les descendants de Jacques de B. et de Marie de R. qui s'étaient mariés à la fin des années 1870, 10 hommes sur 13, appartenant aux trois générations suivantes, se sont mariés (dont six avec des femmes appartenant à des familles de l'aristocratie) ; deux des trois hommes non mariés sont des cadets, l'un d'entre eux est devenu religieux. Mais les femmes se sont mariées encore moins souvent que dans le premier cas, -soit neuf seulement sur 17 (dont cinq avec des hommes de familles de l'aristocratie). Trois femmes, -des cadettes, deux de la deuxième génération et une de la troisième génération—, sont entrées dans des ordres religieux, cinq sont célibataires —quatre appartiennent à la troisième génération et trois d'entre elles sont des aînées (4). Les aînées n'ont jamais épousé de «roturier» tandis que deux cadettes seulement sur six se sont mariées avec un aristocrate.

Troisième et dernier cas. Parmi les descendants, sur trois générations, de Joseph de M. et de Marguerite de L. qui s'étaient mariés au début des années 1860, 11 hommes sur 14 se sont mariés dont huit avec des femmes appartenant à des familles de l'aristocratie, trois, —tous des cadets—, ne se sont pas mariés, l'un d'eux est entré dans les ordres religieux. 12 femmes sur 16 se sont mariées dont neuf avec des hommes de familles de l'aristocratie, une cadette est devenue religieuse, trois (deux aînées et une cadette) sont célibataires. Ici les mariages conclus avec un conjoint n'appartenant pas à l'aristocratie sont très rares (un sur quatre contre près d'un sur deux dans les deux premiers exemples), et l'endogamie est particulièrement forte : une des femmes a d'ailleurs épousé un cousin «éloigné» et un homme a épousé une de ses nièces. La part des hommes non mariés est relativement importante mais elle ne dépasse pas celle des femmes non mariées ; les aînés se sont tous mariés tandis que, chez les femmes, les aînées sont un peu plus souvent célibataires que les cadettes.

2— Les descendants d'Henri de T. et de Laure de C. ne constituent pas une famille «pratique» ; chacun de ces descendants compte beaucoup d'autres parents, y compris des parents proches, avec qui il entretient des relations régulières, qui ne figurent pas sur cette généalogie. Cependant tous sont et se savent cousins. Il ne paraît pas trop arbitraire de les prendre comme unité d'analyse. Il en va de même des descendants de Jacques de B. et de Marie de R, ou des descendants de Joseph de M. et de Marguerite de L. qui sont cités ensuite.

3—11 est trop tôt pour dire si la tendance observée se poursuit ou non à la 4ème génération ; la majorité de ses membres n'avait pas encore 20 ans en 1977 .

4— Nous avons compté parmi les aînées l'aînée de l'ensemble de la phratrie ainsi que l'aînée des filles lorsque l'aîné de la phratrie était un garçon.

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw