LA GROTTE DES CRAPAUDS À DONZÈRE (DRÔME) UNE HALTE-BERGERIE DE L'ÂGE DU FER
Joël VITAL *
Situation et morphologie
Entre Valence et Avignon, le « Robinet » de Donzère marque la limite entre le Dauphiné, le Comtat et la Provence. Le Rhône emprunte là son dernier défilé (fig. 1), à la rive orientale constituée de falaises abruptes. Les calcaires urgoniens sont percés d'une soixantaine de cavités de dimensions plus ou moins modestes, témoins d'un important karst actuellement fossile. Moins d'une dizaine d'entre elles furent fréquentées entre la Préhistoire et l'époque médiévale (Lambert 1980).
On accède à la grotte des Crapauds depuis le Rhône qu'elle domine d'une trentaine de mètres, en franchissant 50 m d'éboulis basai en pente à 45° (fig. 2C). La longueur de la cavité est de 37 m pour une largeur maximum de 5 m. Formée aux dépens d'une importante diaclase d'axe est-ouest et de pente nord, agrandie par la circulation des eaux en conduite forcée, elle se compose d'un porche largement ouvert sur l'éboulis, prolongé par un couloir allant en se rétrécissant (fig. 2A). La hauteur du plafond passe de 6 mètres à un peu plus d'un mètre, sur une distance de 8 m (fig. 2B); la progression s'effectue ensuite dans la pénombre sur un sol limono-argileux peu incliné d'est en ouest.
Problématique des recherches
Les fouilles s'inscrivirent dans le cadre d'une synthèse concernant les occupations et les industries de l'âge du Bronze dans le Défilé de Donzère (Vital 1984). Le seul document majeur connu avant nos recherches était un important fragment d'un grand récipient, qui fut alors attribué au Bronze final 3b (fig. 6).
Historique
En 1934, M. Veyrier et A. Jullien, érudits locaux, effectuèrent le long de la paroi sud deux sondages contigus d'une surface totale de 12 m2 et d'un mètre de profondeur, sous le porche qu'ils semblent avoir totalement dégagé (fig. 2 et 4, SV). Voici leurs commentaires10 :
— « Trouvaille à 0,30 m sous le niveau de la grotte de deux fragments de rebord d'une poterie ancienne...
— Fragments de poterie à 0,90 m au-dessous du sol actuel...
— Continué à creuser. Aux alentours d'un rebord horizontal du rocher (sud de la grotte) terre noire, mais pas de charbons. Est-ce un foyer ?...
— Rien trouvé. Rien ne confirme le foyer précédemment soupçonné ».
* Avec la collaboration de R.M. Arbogast, A. et J. Argant, J.E. Brochier, J. Girel, A. Labbé, P. Meniel. (1) Ces renseignements sont extraits d'un carnet de notes manuscrites de A. Jullien, de Donzère.
Revue Archéologique de Narbonnaise, 20, 1987, p. 389-401.
