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Pour une crisologie

[article]

Année 1976 25 pp. 149-163
Fait partie d'un numéro thématique : La notion de crise
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Edgar Morin

Pour une crisologie

La notion de crise s'est répandue au xxe siècle à tous les horizons de la conscience contemporaine. Il n'est pas de domaine ou de problème qui ne soit hanté par l'idée de crise : le capitalisme, la société, le couple, la famille, les valeurs, la jeunesse, la science, le droit, la civilisation, l'humanité...

Mais cette notion, en se généralisant, s'est comme vidée de l'intérieur. A l'origine, Krisis signifie décision : c'est le moment décisif, dans l'évolution d'un processus incertain, qui permet le diagnostic. Aujourd'hui crise signifie indécision. C'est le moment où, en même temps qu'une perturbation, surgissent les incertitudes. Quand la crise était limitée au secteur économique, on pouvait au moins la reconnaître à certains traits quantifiés : diminution (de la production, de la consommation, etc.) ; accroissement (du chômage, des faillites, etc.). Mais dès qu'elle s'élargit à la culture, la civilisation, l'humanité, la notion perd tout contour. Elle permet tout au plus de dire que quelque chose ne va pas, mais l'information qu'elle donne se paie par l'obscurcissement généralisé de la notion de crise.

Le mot sert désormais à nommer l'innommable ; il renvoie à une double béance : béance dans notre savoir (au cœur même du terme de crise) ; béance dans la réalité sociale elle-même ou apparaît la « crise ».

Le mot crise s'est répandu de proche en proche envahissant toute chose sociale, toute notion : mais pour que la notion reprenne un sens, il faut poursuivre jusqu'au bout l'opération de crisification et mettre enfin, et surtout, la notion de crise en crise. Le problème clé est celui-ci : comment éclairer le concept de crise? Comment le rendre éclairant? (en sachant bien entendu que tout éclairage apporte sa propre ombre, que toute elucidation comporte sa propre tache aveugle). Tout d'abord, dans quel champ allons-nous considérer la notion de crise? Bien sûr, le terme a d'abord été appliqué aux organismes biologiques, et il peut effectivement leur être appliqué. Mais la crise est une notion qui déploie sa pleine richesse dans le cadre des développements socio-historiques. Ce ne sera pour autant considérer le domaine anthropo-social-historique comme un domaine clos. Au contraire, et j'en viens à ce qui lest à mes yeux le principe • premier de toute crisologie, on ne peut faire une théorie des crises sociales, historiques, anthropologiques, que si on a une théorie de la société qui soit aussi systémique, cybernétique et bio-néguentropique.

En effet, si on veut, pour concevoir la crise, aller au-delà de l'idée de perturbation, d'épreuve, de rupture d'équilibre, il faut concevoir la société comme système capable d'avoir des crises, c'est-à-dire poser trois ordres de principes, le premier systémique, le second cybernétique, le troisième néguentropique; sans quoi la théorie de la société est insuffisante et la notion de crise inconcevable.

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