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Savonarole, Sermons, écrits politiques et pièces du procès, Textes traduits de l'italien, présentés et annotés par Jean-Louis Fournel et Jean-Claude Zancarini

[compte-rendu]

Année 1994 27 pp. 125-127
Fait partie d'un numéro thématique : Du bon usage de la souffrance
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Savonarole, Sermons, écrits politiques et pièces du procès, Textes traduits de l'italien, présentés et annotés par Jean-Louis Fournel et Jean-Claude Zancarini, Paris, Le Seuil, 1993, 318 p. (« Libre Examen »). Les textes réunis dans ce volume sont, dans leur quasi-totalité, inédits en français. Leur traduction et leur présentation sont issues des travaux effectués par le Centre de recherche sur la pensée politique italienne de l'École Normale Supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, à qui l'on doit déjà un recueil de textes de Guichardin (A vertissements politiques, traduits et présentés par Jean-Louis Fournel et Jean-Claude Zancarini, Paris, Le Cerf, 1987). La première partie du livre est consacrée à un choix de sermons (les premier, huitième, treizième et vingt-troisième Sermons sur Aggée, p. 51-121) que Savonarole prononça en novembre-décembre 1494. Depuis l'Avent 1482, l'ancien lecteur de Ferrare prêche aux Florentins et, déjà, le petit monde des lettrés qui se presse à la cour de Laurent le Magnifique l'a affublé du sobriquet de predicatore dei disperati. Car la rhétorique de ses sermons ignore les catégories habituelles des prédicateurs : Savonarole n'utilise ni les raffinements scolastiques de la prédication dominicaine, ni les anecdotes de celle des franciscains ; sa parole fiévreuse est tout entière tendue vers son but, émouvoir son auditoire, c'est-à-dire l'ébranler moralement pour le mettre en mouvement. D'où le recours, de plus en plus affirmé à partir de 1494, à la prophétie comme arme politique, qui fait de Savonarole l'interprète des signes de Dieu et le messager de ses desseins. Cette année 1494 voit la rencontre entre une parole et un moment. Pierre de Médicis, incapable de réagir à l'avancée des armées françaises, est chassé de la ville. La vacance du pouvoir laisse les Florentins désemparés, tant il est vrai que la seigneurie médicéenne, ayant étouffé toute velléité de débat politique, avait réussi à rendre impensable l'alternative institutionnelle. Devant la montée des périls, Savonarole propose sa prédication désangoissante, annonçant que Florence est la nouvelle Jérusalem. Surtout, il ouvre le débat politique, en appelant de ses vœux une triple réformation, des comportements, de l'Église et de l'État. Le choix judicieux des sermons proposés dans le livre permet au lecteur de suivre les glissements d'un ordre de réalité à un autre. La réforme des mœurs doit œuvrer à la concorde et à la communion, et ne devient possible que si elle est relayée par une réforme de l'Église. Cela signifie, pour le prieur de San Marco, appuyer en premier lieu les aspirations de son ordre, autorisé par un bref papal de mai 1493 à se séparer de la congrégation lombarde. Mais, à partir de San Marco, c'est l'ensemble de l'Église qui doit être « flagellée », sans que l'on puisse trouver chez Savonarole la moindre déviance vis-à-vis de l'orthodoxie doctrinale. Enfin, le renouvellement individuel et communautaire de la cité doit rencontrer une traduction politique et institutionnelle, et, pour la première fois le 7 décembre 1494, Savo-

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