Couverture fascicule

Avant-propos - L'événement

[liminaire]

Année 1972 18 pp. 3-5
Fait partie d'un numéro thématique : L'événement
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 3

L'ÉVÉNEMENT

La science ne peut-elle appréhender V événement autrement qu'en le réduisant en élément (d'un système, d'une chaîne logique) ou qu'en le noyant dans les grands nombres de la statistique probabilitaire? Une telle réduction, une telle immersion, là où elles sont possibles et nécessaires, sont-elles suffisantes? Et là où elles ne sont ni possibles, ni nécessaires, faut-il s'incliner devant ce que Lévi-Strauss nomme « la toute- puissance et l'inanité de l'événement »?

Le premier propos de ce numéro de Communications est de cesser de rejeter l'événement comme bruit, non seulement irrécupérable, mais de plus brouillant toute communication. C'est de réinterroger l'événement.

Tout d'abord: qu'est-ce qu'un événement? Comment le définir? Peut-on en donner une définition univoque? Ne faut-il pas au contraire faire d'abord une typologie, où par exemple se distinguerait radicalement l'événement reproductible de l'événement irreproductible, lequel serait, par rapport à un système de référence donné, à la fois singulier, improbable, aléatoire?

Ici, à" Espagnat, Sauvan, Cahn, Backès- Clément, Nora, entre autres, nous situent au cœur de J'événement-problème. L'événement- problème, c'est l'événement tout ou rien; tout, car si l'univers est singulier et se déroule irréver~ siblement dans le temps, le Cosmos est dans l'acception la plus large et la plus convenable du terme un événement; rien, car si tout événement procède de l'application d'une loi ou constitue l'élément d'un système, il se réduit toujours à ce dont il procède et ce en quoi il s'inscrit. L'événement tout-ou-rien, c'est, si on fait coïncider les deux points de vue, l'événement tout et rien. Et du coup nous sommes confrontés à la dualité cognitive de l'esprit humain dont « l'homéostase entretient avec l'événement une transaction ambiguë, entre incorporation et refoulement, entre métabolisme et catabolisme, entre classification et exorcisme » (Piattelli).

Ici, nous débouchons certes d'une part sur une aporie épistémologique, mais nous débouchons aussi, d'autre part, sur une saisie plus riche de la réalité, à partir du moment où on accepte de voir, dans tout élément, aussi un événement, et, dans tout événement, aussi un élément.

N'est-ce pas ce qui est déjà arrivé en micro- physique (cf. à" Espagnat, Lupasco) ; n'est-ce pas le problème même que rencontre le freudisme, pour lequel l'événement traumatique est à la fois « contingent et nécessaire r>? L'événement

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw