Daniel Delas

et Jacques Filliolet

LINGUISTIQUE ET POETIQUE

Larousse. 24 F.

La poésie, soit qu'on la pratique, soit qu'on en parle, n'est pas chose facile. Et aujourd'hui moins encore, où elle ne touche qu'un nombre restreint de lecteurs. Dans le langage courant, « poésie » s'accompagne encore de vagues réminiscences de romantisme, désordre, imaginations débridées, vocabulaire étrange ; elle relèverait de l'irrationnel le plus pur. Sous cet aspect, beaucoup comprendraient mal comment la poésie pourrait subir la rigueur scientifique, devenir objet de science. Voici donc un ouvrage ambitieux, mais cette ambition est mesurée, le propos nettement circonscrit. Il s'agit de « ... déterminer les conditions de » possibilité d'une définition du fait poéti- » que » et « s'il est vain de vouloir épuiser » l'existence d'un texte poétique, il est capi- » tal de dire son essence ». Les auteurs précisent d'ailleurs bien qu'il ne s'agit pas à travers la poétique de tenter une théorie généralisée de la littérature. Il ne s'agit pas, non plus, derrière une modernité de façade, d'entreprendre une critique des plus classiques en passant par une rhétorique rajeunie. Les auteurs sont très nets, ils entendent soumettre le fait poétique à l'étude scientifique et en formuler, en +ermes scientifiques, les problèmes. Ils fondent leur recherche sur Jakobson. « La poésie est » visée d'expression... la visée du message » en tant que tel, l'accent mis sur le mes- » sage pour son propre compte, est ce qui » caractérise la fonction poétique du lan- » gage. » Appuyés sur les lois de la linguistique et notamment en utilisant la « gram-