UN FILM ET SES FILTRES
CULTURELS
par Anne-Marie Thibault-Laulan
Un problème épistémologique
Un article récent paru dans « Communication et langages l » soulignait la différence entre la page objective du journal « offert » et les pages subjectives du journal « reçu ». L'auteur de l'article montrait sans peine l'aspect aléatoire de cette lecture effective. Notre propos reprend la même démarche, en lui donnant un tour plus philosophique : quel est exactement le rôle du destinataire d'un message audio-visuel ? Plus personne n'ose désormais écrire que ce rôle est celui d'un simple récipient dans lequel l'émetteur déverse des informations. Dans l'analyse d'un processus de communication, il faut donc tenir compte :
a) des processus dynamiques de l'interaction sociale;
b) de l'incorporation du récepteur dans des structures de groupe et dans des structures sociales plus larges ;
c) de la personnalité du récepteur, de ses prédispositions, des processus sélectifs ayant leur fondement dans les besoins psychologiques et les intérêts de ce récepteur2.
La réception d'un message audio-visuel n'est pas analysable en
1. Philippe Miermont : « La réception des messages de presse : une inconnue », in Communication et langages, n° 17 (Paris, C.E.P.L., 1973).
2. D'après Klapper : Effects of Mass Communication (Glencoe, Illinois, The Free Press, 1960, p. 5).