LE SILENCE
DANS LA
COMMUNICATION
par Thomas J. Bruneau traduit de l'anglais par Francine Achaz
Dans l'absolu, le silence n'existe pas. Toute proposition qui prétend établir le contraire relève du mythe pur et simple. John Cage le dit en termes clairs : « II n'existe pas de silence absolu ; » il se produit toujours quelque chose qui émet un son. » Ainsi, le silence paraît être à la fois un concept et un processus mental réel. Seul l'homme, semble-t-il, est capable de créer le silence, les animaux étant obligés de subir le bruit devant leur état de veille. Le silence apparaît alors comme un concept et comme un processus mental imposés par chaque esprit à lui-même et à l'esprit d'autrui. Le silence est à la parole ce qu'une feuille blanche est au texte imprimé. Physiologiquement, le silence se présente comme le reflet dans un miroir de la forme des sons perceptibles par chacun. Les signes du langage, nés d'une nécessité ou créés volontairement, semblent être des formes imposées par l'esprit sur un fond de silence, imposé de même. L'esprit crée ces deux concepts, dont Sontag a clairement défini l'interdépendance : « Le silence ne cesse jamais d'impli- » quer son contraire et d'en dépendre [...]. Aussi est-il néces- » saire de prendre conscience du fond sonore de notre » environnement (bruit ou langage) pour reconnaître le » silence [...]. Tout silence peut se révéler comme une étendue » temporelle perforée par des bruits. » Le système entier du langage parlé s'écroulerait si l'homme était incapable à la fois d'enregistrer et de créer des séquences de signes constituées