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Le franglais, pourquoi pas?

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Année 1975 26 pp. 11-13
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LE FRANGLAIS, POURQUOI PAS?

« Le français, langue morte », prophétisait André Thérive, il y a quelques lustres. Pourquoi donc le français deviendrait-il une langue morte ? On ne s'est jamais tant penché sur sa santé : articles1, chroniques, livres lui sont périodiquement consacrés, sans compter naturellement les innombrables études de linguistique qui s'en occupent d'une façon ou d'une autre. En réalité, on ne parle pas tellement de la mort de notre langue, du moins à brève échéance, que de son abâtardissement sous des formes diverses : Bertrand Poirot-Delpech, dans le Monde, parle des « tics empruntés en général aux sciences humaines », et Robert Beauvais1 publiait naguère une sorte de pamphlet très spirituel : « l'Hexagonal tel qu'on le parle L ». Et. naturellement, est toujours ouverte la grande querelle du franglais cher à Etiemble2. La question ne date pas d'hier et, au xviii* siècle, on portait contre certain's* la grave accusation d'anglomanie, une sorte de perversion du goût et de l'intelligence. Mais le problème dépasse largement la simple question d'un lexique bien fait, d'une recherche des équivalences linguistiques.

L'excès en tout est un mal

Tout d'abord, il ne s'agit pas d'introduire dans notre langue les mots les plus divers du moment qu'ils ont une consonance anglo- saxonne : on arriverait à une expression redoutablement ambiguë, sinon incompréhensible dans bien des cas. De nombreux exemples, donnés par Philippe Gobert dans son article, sont évidents. Mais, inversement, vouloir bannir par système tout mot étranger et notamment anglais n'est pas plus légitime. La tentative gouvernementale, en 1973, d'interdire ou de déconseiller (il y avait une double liste) , nombre de mots en leur substituant des équivalents, la plupart du temps approximatifs, est dérisoire. Si elle est légitime dans nombre de cas (retour en arrière pour flashback, par exemple), dans1 d'autres cas elle aboutit à des absurdités (par exemple surjeu pour play-back, qui perd ainsi l'essentiel de son sens). Et il est au moins aussi difficile de trouver des équivalents assez riches pour drugstore, ou shopping, ou test (ce dernier mot étant d'ailleurs d'origine française).

Pourquoi des mots étrangers ?

En fait, la querelle ne se situe réellement pas à ce niveau. Il convient de rappeler d'abord le jeu de la loi de Zipf : il est évident que les mots anglais sont plus courts, en général, que les mots1 français, ils ont donc une tendance permanente à se substituer à eux, à envahir notre propre langue en raison de leur commodité supérieure pour une efficacité au moins égale.

1. Robert Beauvais : l'Hexagonal tel qu'on le parle (Paris, Hachette, 1970).

2. Etiemble : Parlez-vous i r anglais ? (Paris, Gallimard, coll. « Idées», 1964).

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