SIMULATION D'UNE RECONSTITUTION DE FAMILLES
PAR ORDINATEUR
par Louis HENRY
En raison de notre aptitude à reconnaître un nom sans l'analyser et à en déceler les diverses variantes sans suivre des règles préétablies 1, nous imaginons mal les difficultés auxquelles des opérations si faciles pour nous se heurtent, quand on veut les faire faire par un ordinateur.
Pour y voir plus clair, le mieux est de recourir à l'expérience : faire à la main une reconstitution de familles à la fois comme on la fait cou¬ ramment et comme pourrait la faire un ordinateur; comparer les résul¬ tats; en déduire, si possible, des règles pour la programmation.
J'ai fait une expérience de ce genre sur dix années de relevés nomi¬ natifs d'un gros village, Champigny-sur-Yonne (Yonne); les registres sont convenables, mais j'ai choisi une période ancienne, 1670-1679., pour rencontrer plus de difficultés avec les noms de familles.
Je savais, par une étude antérieure, que, dans les conditions d'enre¬ gistrement des baptêmes en France (nom et prénom du père, nom et prénom de la mère), on identifierait presque toujours les enfants d'un couple si l'on remplaçait le nom de chacun des parents par un résumé ou «squelette » de trois lettres, l'initiale et, parmi les lettres suivantes, les deux premières consonnes non muettes, les unes et les autres étant transcrites d'après leur prononciation.
J'ai alors reconstitué les familles en me donnant la règle suivante : appartiennent à la même famille conjugale les actes qui concernent le même groupe de squelettes et de prénoms pour le mari et la femme : ainsi les quatre enfants nés de Louis HATTIER et Jacqueline TON¬ NELIER, en 1674, 1676, 1677 et 1678, appartiennent à la famille AT — Louis, TNL — Jacqueline, et ce, quelles que soient les variantes de ces noms pourvu qu'elles laissent le squelette inchangé (TONNELIERE en 1676). J'ai inscrit leurs dates de naissance sur la même fiche. J'y aurais inscrit aussi les dates de naissance des enfants de Louis ASTON et Jac¬ queline TINALET, si d'aventure un couple de ce nom avait existé et
1. Il en est de même avec les personnes : nous n'analysons pas un visage fami¬ lier et nous le reconnaissons malgré les modifications que peut lui apporter un chapeau, des lunettes, la coiffure, la barbe, etc.
