Le public s'empare des ondes

par Jean Cazeneuve,

Professeur à la Sorbonne

Le schéma classique pour l'étude des communications de masse était assez simple et se ramenait à un système composé d'un centre émetteur, diffuseur de messages sonores. visuels,à un vaste public. Il y avait ainsi deux éléments hétérogènes, disproportionnés quant à leur importance numérique, dont l'un,actif, donnait à voir et à entendre, et dont l'autre, théoriquement passif, recevait les informations envoyées sur les ondes par la radio ou la télévision. On pourrait donc faire porter les analyses soit sur le petit groupe des auteurs d'émissions, soit sur le contenu même de celles-ci, soit enfin sur l'effet qu'elles produisent dans cette masse anonyme qui s'appelle le public.

Certes, on s'est avisé de bonne heure qu'il est légitime aussi de tenir compte du feed-back, c'est-à-dire de l'action en retour que le public récepteur peut exercer sur le petit groupe émetteur. Cette réaction peut être d'ailleurs implicite ou explicite, spontanée ou sollicitée. D'abord, en effet, chaque personne responsable d'une émission se fait une certaine idée de son public et, même si celui-ci n'exprime d'aucune façon ses opinions, sa seule existence et l'image qu'on se fait de lui à tort ou à raison exercent une influence sur ceux qui ont le désir

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