La théorie de l'information vingt ans après

par Philippe Bully

Au sens courant du terme, l'information, par quelque voie qu'elle nous parvienne, apparaît comme un renseignement susceptible, par l'élément qu'il ajoute à la masse de nos connaissances, de modifier sinon notre conception du monde, du moins notre comportement. Pendant longtemps, l'information ne parvint pas à circuler entre les hommes disséminés sur la planète. Sans doute disposaient-ils de la parole —mais celle-ci meurt dans l'instant et ne crée qu'une unité à l'échelle d'un petit groupe-, puis de l'écriture — mais celle-ci ne vainc la distance qu'au prix d'un déplacement matériel de la chose écrite. C'étaient là des moyens d'information rudimentaires, et qu'il eût été bien vain de prétendre chiffrer. Il en va tout autrement de l'information telle qu'elle circule aujourd'hui par le canal des moyens quasi-magiques que sont le téléphone, la radio, la télévision, en un mot, ce qu'on appelle les télécommunications.

C'est un ingénieur américain des télécommunications, Claude E. Shannon, qui, au cours des années 1948, fit accéder l'information à la dignité de discipline scientifique. Au départ, l'ambition de Shannon était des plus modestes. 11 s'agissait d'apporter la solution à un problème pratique : compte tenu qu'une ligne téléphonique transporte de l'information, de quelle façon réduire autant que possible le

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