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SERGIO MICELI
diuision du trauail entre les sexes et diuision du travail de domination
une étude clinique des anatoliens au Brésil
Os texte examine la trajectoire sociale d'une catégorie d'écrivains pendant la période de la República velha (1889-1930) au Brésil. Cette période -située entre la disparition de la génération de 1870 et l'éclosion du mouvement moderniste en 1922-, constitue aux yeux des historiens et des critiques de la littérature une sorte d'intermezzo qu'ils appellent pré-modernisme (1).
(1) Contribution à l'histoire sociale de la classe dominante au Brésil, ce texte présente sous une forme provisoire, un ensemble d'hypothèses qui se sont dégagées progressivement de l'étude comparative de biographies d'écrivains ; la construction d'un modèle collectif à partir de l'analyse des variations des trajectoires individuelles comporte assurément des risques qui tiennent sans doute pour une bonne part aux limites du matériel disponible : sélection préalable des cas en fonction des lois qui régissent la production littéraire et qui prédisposent certaines catégories d'écrivains à écrire leurs mémoires ou à faire l'objet d'un culte posthume, effet de dissimulation et d'amnésie propre aux biographies, aux journaux intimes, etc. On compte dans les mois à venir vérifier les hypothèses présentées ici sur un nombre plus élevé de cas. On s'est efforcé de construire des cas de figure en comparant les trajectoires sociales et les carrières littéraires d'écrivains occupant des positions différentes dans un champ intellectuel en cours de constitution. Il n'existe aucune base statistique permettant de comparer les propriétés sociales des écrivains analysés à la population totale des écrivains brésiliens de la période étudiée ou à un échantillon représentatif de cette population. On se propose de poursuivre ce travail en étendant la comparaison à d'autres fractions de la classe dominante, notamment aux hauts fonctionnaires, aux hommes politiques, au haut clergé, comme on l'a déjà esquissé ici pour les militaires.
Loin d'être une phase de stagnation de l'activité littéraire créatrice, comme on l'admet communément aujourd'hui, cette période a vu se développer des conditions sociales favorables à la profess ionnalisation du travail intellectuel, particulièrement en sa forme littéraire, et à la constitution d'un champ intellectuel relativement autonome; corrélativement, on assiste à une différenciation et à une sophistication du travail de domination. Rabaisser les producteurs de l'époque au rang de fabricants de "littérature de gare", en évaluant leurs oeuvres selon des critères élaborés dans des états postérieurs du champ, les expulser rétrospectivement du champ de production littéraire, comme s'accordent pour le faire des courants que tout sépare par ailleurs, c'est méconnaître les conditions socio- historiques dans lesquelles s'est constitué le champ intellectuel tel qu'il fonctionne actuellement au Brésil. Sous la República velha, en l'absence de positions intellectuelles relativement autonomisées par rapport au pouvoir politique, le recrutement, les trajectoires possibles, les mécanismes de consécration aussi bien que les autres conditions nécessaires à la production intellectuelle sous ses différentes modalités étaient sous la dépendance directe des institutions et des groupes exerçant le travail de domination; concrètement, toute la vie intellectuelle était dominée par la grande presse qui était la principale instance de production culturelle de l'époque et qui fournissait la quasi-totalité des rétributions et des positions intellectuelles. Les écrivains professionnels étaient contraints de se plier aux formes d'écriture journalistique qui venaient d'être empruntées à la presse française, le reportage, l'interview, l'enquête littéraire et en particulier la chronique.
♦ On a appelé "anatoliens" des écrivains qui ont subía des degrés divers l'influence d'Anatole France.
