Méthodologie de l'analyse et de la décision sociales
par Philippe TRESSE
Docteur es Sciences Économiques Directeur du Développement et de la gestion des Cadres
Roussel- UCLAF
L'analyse sociale dans l'entreprise est intimement liée à l'organisation du changement et pose le problème des conditions d'application de la planification sociale par rapport aux mutations actuelles dans les modes sociaux de production — l'entreprise va donc chercher à adopter de nouveaux modes de gestion compatibles avec la transformation des systèmes de valeur attachés au travail (il est toutefois admis que les organisations faisant partie d'une branche d'activité abritée sont parfois peu enclines a entreprendre un exercice spécifique d'adaptation et de prévision dans la mesure ou les tendances économiques et sociales qui les caractérisent sont sujettes à une évolution plus ou moins continue). La planification apparaît dès lors, comme un « agent de changement adaptatif ».
On constate cependant que l'analyse prévisionnelle est presque uniquement orientée vers le développement technologique de la firme auquel devront finalement s'adapter les politiques sociales (les tableaux de bord et bilans sociaux sont assez caractéristiques de cette « planification — adaptation »). Par ailleurs, l'entreprise a souvent tendance à développer plus rapidement des systèmes de gestion des ressources humaines (évaluation du potentiel, modélisation de la gestion des carrières...) que des analyses de ces mêmes ressources resituées dans l'environnement social de l'organisation ; quant aux études sur l'environnement social à terme, on peut les qualifier encore actuellement d'inexistantes.
Dans ces conditions, la méthodologie de l'analyse et de la décision sociales doit être présentée comme une mesoanalyse, c'est-à-dire comme un compromis ou une association du social au technologique.
La décision sociale découle presque toujours de l'idée de planification ; en réalité, l'analyse sociale ne retiendra cette correlation qu'en fonction de la supériorité des choix qui se posent à l'entreprise ; en étudiant l'analyse sociale des choix supérieurs ou « objectifs de style » (dont la rentabilité s'exprime à long terme), selon l'expression de R.L. ACKOFF (1), on ne peut s'engager facilement dans la voie de l'étude de la planification sociale qui implique l'idée de programmation d'objectif dans le temps.
Ici, la planification sera « satisfaisante » c'est-à-dire qu'elle consistera à atteindre un certain niveau de satisfaction collective permettant à la firme de fonctionner dans un environnement évidemment mouvant.
(1) R.L. ACKOFF in Méthodes de planification dans l'entreprise, collection insead Management, édition d'organisation, 1973.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 10, 4* trimestre 1979 147
