MASSIALAS (B. G.), COX (C. B.) — Inquiry In social studies. [Enquête sur les études sociales.] — New York, London, Toronto, etc., Me Graw Hili, 1966. — 23 cm, 353 p., index.

La pédagogie américaine est en pleine évolution. L'enseignement des mathématiques et celui des sciences de la matière et de la vie ont été affectés tout d'abord. Le mouvement s'étend aujourd'hui à l'ensemble des disciplines, B. G. Massialas et C. B. Cox nous proposent ainsi une pédagogie nouvelle dans le domaine des « études sociales ».

Ce terme traduit lui-même une évolution. Au XX* siècle, les matières correspondantes d'enseignement sont la géographie et surtout l'histoire. Mais vers 1900, d'autres disciplines commencent à s'affirmer sur le plan universitaire. C'est le cas de la sociologie et des sciences politiques. Une question se pose : doit-on les introduire dans les enseignements élémentaires et secondaires ?

En 1916, une brèche s'ouvre dans le système traditionnel. Une commission de la puissante « National Education Association » adopte officiellement le vocable « études sociales » qui couvre un ensemble beaucoup plus vaste que les disciplines enseignées jusque-là. L'accent est mis sur la nécessité de répondre aux besoins de l'enfant et de l'aider à découvrir son milieu de vie. Certaines caractéristiques traditionnelles persistent cependant : rôle majeur de l'histoire et cloisonnement des disciplines. Les auteurs de ce livre proposent au contraire une approche interdisciplinaire et présentent un programme faisant appel à l'ensemble des sciences humaines : anthropologie, économie, géographie, histoire, sciences politiques, psychologie, sociologie.

Un renouvellement de la pédagogie s'impose parallèlement. On s'attachera au contraire à la formation de l'esprit en analysant les processus mentaux mis en œuvre : la définition sous ses différents aspects, la classification, la généralisation... sans oublier de réfléchir sur les possibles erreurs de jugement et leurs causes. Toute la classe participe à la recherche. Il s'agit d'abord de préciser et de dégager l'hypothèse de travail, puis d'en préciser les implications. On recherchera ensuite les faits susceptibles de vérifier ou d'infirmer l'hypothèse et ses conséquences.

Si les données permettent effectivement de dégager des constantes, alors on pourra énoncer une formule de généralisation. Ce sera par exemple la proposition : lorsque des vallées fluviales permettent la production de surplus agricoles, ces vallées deviennent un foyer de civilisation.

Les enseignants évitent souvent d'aborder les sujets controversés. Les auteurs de l'ouvrage déplorent cette attitude et consacrent un chapitre entier au problème des valeurs. Ils montrent la distinction à faire entre les faits et les jugements de valeur : la même situation peut donner lieu à des points de vue très différents. Il importe d'aider les élèves à prendre conscience de leurs propres jugements de valeur, à les énoncer et à en mesurer les implications.