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On ne connaît pas la chanson

[article]

Année 1965 6 pp. 1-9
Fait partie d'un numéro thématique : Chansons et disques
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CHANSONS ET DISQUES

Edgar Morin On ne connaît pas la chanson

L'étude des phénomènes discrédités est-elle même discréditée. L'étude des phénomènes jugés frivoles est jugée frivole. Pourtant Pascal n'avait-il pas déjà indiqué à sa manière que la frivolité — le divertissement — était un problème profond ; et la science ne cherche-t-elle pas à travers ce qui semble accessoire et superficiel ?

Mais la sociologie est faite par des sociologues, membres d'une intelligentzia qui mettrait volontiers le sens du monde en question, mais nullement ses critères rigides du beau et du laid, du frivole et du sérieux. Or la chanson, dans l'éthique culturelle de l'mtelligentzia, s'oppose à la mélodie. La mélodie relève de l'art, la chanson de la consommation. Est adoptée comme mélodie toute chanson jugée assez noble de parole et de musique, et le néant se referme à nouveau sur la chanson. On peut à la rigueur s'amuser à fredonner une rengaine, mais c'est comme une concession que l'esprit doit faire à la nature animale.

Pour l'intelligentzia donc, la chanson relève du frivole, et aussi du vulgaire. Double raison pour ignorer l'univers de la chanson. Sur la notion de vulgaire se fixe une grande agressivité (nécessaire pour exalter le concept d'élite). Et on se borne presque toujours à condamner plutôt que d'analyser, selon le processus psycho-affectif bien courant : « ce qu'on méprise ne mérite pas d'être étudié ou pensé ».

Ainsi en est-il dans notre pays, intellectuellement fort et fier de sa tradition vivante d'humanités, à l'égard de tout ce qui émane de la « culture de masse », et particulièrement de ce qui dans la culture de masse semble le plus insignifiant, le plus frivole : la chanson.

Cependant, il y a dans les zones de l'intelligentzia où l'on se préoccupe d'éducation populaire un mouvement vers la chanson. Mouvement qui tend à reconnaître la chanson comme un art, comme porteuse de richesses humaines et esthétiques. Mais ce mouvement, qui compte Peuple et Culture, Charpentreau, des collaborateurs de ce numéro, ne fait que transporter un peu plus loin la frontière de l'art et du non art. Elle intègre dans l'art et l'humanisme la bonne chanson, celle de Douai, Brassens, pour mieux refouler dans le non-art et l'anti-humanisme, la mauvaise chanson de production industrielle. Aussi le mouvement pédagogique-culturel vers la chanson est-il essentiellement un mouvement de promotion d'artistes de la chanson (comme Jacques Douai, Hélène Martin, Barbara) mais fort peu un mouvement d'élucidation sociologique des problèmes de la chanson.

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