Couverture fascicule

D'où venait la chanson de geste? [A propos du livre d'Italo Siciliano Les chansons de geste et l'épopée]

[article]

A propos du livre d'Italo Siciliano Les chansons de geste et l'épopée

Année 1972 15-59 pp. 205-221
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 205

MÉLANGES

D'où venait la chanson de geste ?

A propos du livre d'Italo Siciliano Les chansons de geste et l'épopée1

D'abord connu par une étude magistrale consacrée à l'œuvre de François Villon, Italo Siciliano s'est fait depuis bientôt un tiers de siècle le plus ferme et le plus lucide partisan des idées de Joseph Bédier sur l'origine des chansons de geste. Il n'avait pourtant pas été l'élève de celui à qui l'on doit Les légendes épiques. C'est son extrême sensibilité à la réalité poétique, avec une répulsion instinctive pour le jeu des hypothèses « historiques », qui, dès 1940, lui a dicté un livre secrètement dédié à la défense du poète- créateur et très fidèle en cela à la pensée du maître français. 1/ ouvrage Le origini délie canzoni di gesta, publié à Padoue dans des circonstances fatales à sa diffusion, ne fut vraiment connu qu'après sa traduction en français (Les origines des chansons de geste. Théories et discussions), publiée à Paris en 1951. Ce long délai, s'ajoutant au désarroi où nos études étaient alors plongées, devait émousser le succès d'un ouvrage où l'auteur prenait le visage d'un alerte polémiste, richement nanti de savoir et d'esprit critique, et résolu à rejeter tout acte de foi facile comme tout jugement complaisant, pour professer, devant les hypothèses foisonnantes et souvent contradictoires avancées après comme avant Les légendes épiques, un scepticisme sans la moindre complaisance. Ni Iyot, ni Fawtier, ni Boissonnade, ni Tavernier, ni Chiri, ni Wilmotte, ni Curtius, ni Faral, ni Pauphilet ne trouvaient grâce devant un tempérament rétif à toute proposition et à tout raisonnement transformant généreusement des faits contestables en témoignages formels, de fragiles indices en preuves décisives et, surtout, des vérités partielles en larges certitudes. Joseph Bédier, non plus, d'ailleurs, là où il expliquait la genèse des chansons par des légendes locales mal attestées ou fort hypothétiques, et dans la mesure où il concevait un système général trop simple pour expliquer cette mutation dans tous ses éléments, ne pouvait satisfaire pleinement l'exigeante curiosité d'Italo Siciliano à l'égard du fait littéraire considéré dans son essence. I,e critique italien sentait surtout Joseph Bédier encore trop respectueux de la doctrine qui continuait de postuler la dualité fondamentale et irréductible du jongleur illettré, mais inspiré, et du moine lettré, mais fermé à la littérature. Car, d'instinct, il entendait contester tout dogme simplificateur et notamment l'idée d'une naturelle transformation, spontanée et anonyme, de l'histoire ou de la légende en poésie; et, du coup, il se faisait iconoclaste parce que hérissé dans son jugement au contact de l'argument gratuit et donc abusif.

Il avait cru définitivement révolu depuis le début du siècle, par l'œuvre commune de P. A. Becker et de J. Bédier, le temps des mythes romantiques de l'historicité majeure de la chanson de geste du génie poétique du peuple et de la création littéraire collective. Il avait pensé avec eux qu'il fallait ramener l'âge des chansons de geste au xie et au xne siècles, le premier de ceux-ci ayant été celui de la genèse progressive du genre, puis, le second, celui de son épanouissement et des débuts de son déclin. Des années

1. Società éditrice internationale, s.d. [1968] (« Biblioteca di studi francesi », 3).

205

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw